Le sens de la fête

Peut-être est-ce la présence de Bacri qui fait cela, mais il y a quelque chose, dans cette comédie chorale, des fresques humaines écrites par Jaoui et son compère susnommé : unité de lieu (ou presque), de temps, des personnages bien amenés dans le récit et qui évoluent au cours de l'histoire, un mélange de clichés attendus et de scènes vraiment bien vues, prouvant un bon sens de l'observation. Il y a aussi quelque chose d'un peu théâtral dans la construction du récit, qui fait rire avec gravité, qui aborde les choses graves avec légèreté…
Ainsi, le personnage du marié, véritable tête-à-claques, imbu de lui-même, parvient lors d'une mémorable scène aérienne, à presque émouvoir en naviguant entre le ridicule et le pathétique. C'est assez fort, quand on y pense. Les serviettes qui tournent, que l'on attend parce que justement, l'animateur de la soirée a affirmé qu'il ne s'abaisserait pas à ce genre de choses, sont filmées avec une certaine grâce mais aussi avec un humour sarcastique : l'équilibre entre la farce et la mélancolie est précaire mais dure juste le temps nécessaire. C'est également assez fort… L'organisateur de réceptions n'est pas un total bougon, Bacri ne fait pas tout à fait du Bacri. Il compose un personnage au bord de la rupture mais qui tient, jusqu'à un certain point. Il est touchant sans être complètement sympathique, humain en somme. Et si le photographe (Rouve) et le chanteur (Lellouche) sont un peu caricaturaux, trop typés, tous les autres rôles sont bien plus nuancés que dans la plupart des comédies françaises, de qualité ou pas. Au final, tout n'est pas forcément bien qui finit bien, certains restent au bord de la route, à pied et sans beaucoup d'avenir. Il y a de quoi passer un bon moment parce que le rythme et l'énergie emportent le spectateur. Cependant, ça n'est pas juste du rythme et de l'énergie, le scénario permet de poser quelques questions sur les façons de vivre et d'échanger, de nos jours.