Au bout du compte, l’histoire
a fière allure, entremêlant vrai-faux espions et scientifiques,
femmes fatales et ingénues. Un petit parfum de Jason Bourne
flirtant parfois avec une folie kafkaïenne, pour la quête
d’identité ; une visite de Berlin, toujours fascinante
; un discret hommage au héros de "la vie des autres"
par l’intermédiaire du personnage de Bruno Ganz, ancien
officier de la Stasi, et, petite cerise sur le gâteau, une très
belle héroïne hitchcockienne, blonde à souhait,
mystérieuse, jouant de l’innocence ou du poison avec
une certaine délectation. Mais la façon dont la mise
en scène organise le récit fait apparaître quelques
failles fatales dans ce bel ordonnancement : quelques explications
superflues, des raccourcis un peu téléphonés
et surtout une tendance à alourdir les scènes d’action,
poursuites ou combats menés à un rythme trépidant,
qui paradoxalement ralentissent l’ensemble. Pendant que les
hommes (et éventuellement les femmes) donnent des coups, tranchent
des chairs et rivalisent d’inventivité pour s’occire,
pendant que les voitures crissent du pneu, s’écorchent
la carrosserie ou s’emboutissent, l’histoire elle-même
piétine. Ce penchant vers l’action à outrance
éloigne le film de ce qu’il aurait pu être, une
ténébreuse quête existentielle. Au lieu de cela,
il reste au niveau d’un divertissement très volatil.