Est-ce du beau cinéma
? L'image est belle, et même parfois très belle. Sombre,
contrastée, impeccable. Le travail sur le son impressionne
également. Pas seulement la musique des Tindersticks mais
aussi les résonnances dans les lieux vides, les voix chuchotées
ou les cris…tout cela semble très étudié,
stylisé, presque précieux. Il en découle une
ambiance sèche et glacée, qui force l'admiration (ou
pas, on peut y rester insensible), qui maintient le spectateur à
distance et c'est tant mieux, parce que l'histoire qui est racontée
sur l'écran est particulièrement glauque.
Le personnage joué par Lindon découvre peu à
peu l'étendue des dégâts au sein de sa propre
famille, et nous n'en savons pas plus que lui. Il s'ensuit une impression
de malaise, pas seulement due à la confusion dans laquelle
se trouve le personnage mais aussi parce que le récit ne
livre qu'une partie de ce qui se passe, de ce qui s'est passé,
en jouant avec la chronologie. Et cette histoire, cette "saloperie",
finalement, n'est pas très intéressante, elle est
au mieux un fait divers sordide, au pire un prétexte pour
montrer ou suggérer ce que l'humain peut faire de plus immonde.
La mise en scène ne permet même pas de s'indigner,
on est en face de quelque chose d'abject, et puis c'est tout. Très
bien, pourrait-on dire (ou très mal, plutôt), et ensuite
? et alors ? pourquoi en sommes-nous les témoins ?