Après Marion Cotillard en
môme Piaf, voici Sylvie Testud en Françoise Sagan. Similitude
entre les deux actrices, dans l’implication, le mimétisme
physique qui pourtant n’était pas évident à
priori. Mais le parallèle s’arrête là, les
deux personnages n’ont rien à voir l’un avec l’autre
du point de vue de l’origine sociale, de la passion, de la façon
d’exercer leur art.
Du côté de la mise en scène et de l’organisation
du récit, il y a aussi un grand écart entre les deux
"biopics". La Môme s’appuyait sur un éclatement
chronologique des faits, bien en accord avec la vie chaotique de Piaf.
Ici, l’histoire est tout à fait linéaire, de l’orée
du succès jusqu'à la mort. Le montage reste très
sage, trop sage, manquant de poésie et d’audace. Les
personnages secondaires ressemblent à des balises repérables
à des kilomètres. Du coup, de cette absence d’imagination,
ne ressort de Sagan que ce qu’on pouvait lui reprocher, sa légère
mélancolie bourgeoise comme seule source d’inspiration.
Un parti pris de Diane Kurys aurait été le bienvenu,
pour donner un sens à cette vie, entre tristesse et insouciance,
autodestruction et exubérance. Les différentes addictions
ne sont pas traitées, bien trop anecdotiques ; on ne ressent
pas ce qui pousse le personnage à écrire, et ses amours
ne semblent pas avoir d’existence.
Reste l’interprétation de Sylvie Testud, vraiment étonnante,
avec ou sans maquillage, mais ayant trouvé comment faire entendre
cette diction si particulière, quelques gestes, une moue si
charmante…