Le ruban blanc

Michael Haneke

L'histoire

Un village protestant de l'Allemagne du Nord à la veille de la Première Guerre mondiale. D'étranges accidents surviennent et prennent peu à peu le caractère d'un rituel punitif. Qui se cache derrière tout cela ?

Avec

Christian Friedel, Leonie Benesch, Ulrich Tukur, Burghart Klaussner, Rainer Bock, Susanne Lothar


Sorti

le 21 octobre 2009

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Monstre froid

 

Bien sûr, Haneke est un grand cinéaste, et son film, palme d’or à Cannes, est de ceux dont on risque de se souvenir longtemps. Mais ce "ruban blanc" est un monstre froid, lisse, distant, formellement proche de la perfection, parvenant difficilement à créer de l’émotion. Mais sans doute n’y avait-il pas de volonté d’émouvoir ?
On peut se demander, à l’issue de la projection, quels étaient les objectifs du cinéaste. Il manque au spectateur "de base", quelques clés, autant du point de vue de l’Histoire de l’Allemagne et de ses religions que de celui du simple amateur d’œuvre d’art. Ici, le discours du créateur est probablement nécessaire pour saisir les intentions sous-jacentes. Sinon, on reste très à l’extérieur, contemplant avec respect le savoir-faire, les cadrages étudiés au millimètre, le noir et blanc superbe, la lenteur dans laquelle brillent quelques éclats de folie…
La violence mentale et l’ahurissante éducation rigoriste peuvent être à l’origine de l’Histoire du nazisme, est-ce cela qu’Haneke a voulu dire ? Ou bien s’agit-il de montrer à nouveau des mystères qui ont à voir avec la folie humaine, et qui, comme dans "Caché", ne seront pas résolus ? On peut rester sur sa faim, et regretter une fin abrupte, qui laisse le spectateur dans le désarroi.
Les enfants, victimes de sévices physiques et moraux, au centre de toutes les intentions (celles des autres personnages, mais aussi celles du réalisateur), font parfois penser aux enfants blonds terrorisants du "village des damnés", film britannique des années 60. Ils glissent, tels des fantômes polis et impassibles, subissant la fureur des adultes, la renvoyant avec une ambiguïté qui confine à la perversité.
Le village et sa structure font penser à "Dogville", de Lars Von Trier, qui montrait aussi un microcosme où naissait l’épouvante. Les décors du village de ce ruban blanc, avec leur réalité en noir et blanc (et donc faussée), donnent à l’ensemble un aspect théorique, un peu désincarné, absolument anti-hollywoodien, qui en rebutera plus d’un.
C’est donc un film "énorme", où l’on ne s’ennuie pas une seconde, mais dont on peut sortir perplexe, un peu étouffé par l’ampleur et la complexité du propos, sans véritablement être bien certain d’avoir saisi l’origine du malaise engendré par cette œuvre hors du commun…

 

 

 

 

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