Inspiré de plusieurs affaires
d'enlèvement et de séquestrations pendant plusieurs
années, ce film pourrait se contenter de n'explorer que le
factuel, il s'agirait alors d'un thriller proche de "la grande
évasion", en version minuscule. Il pourrait aussi verser
dans le pur mélo et glorifier le courage des deux personnages
enfermés puis célébrer l'harmonie de leur retour
à la vraie vie… Mais le scénario et la mise
en scène ont le très grand mérite de poser
de multiples questions sur chaque étape d'une affaire qui
peut paraître tout à fait exceptionnelle, et qui en
réalité renvoie aussi à nos vies dites libres.
Ne sommes-nous pas nous-mêmes prisonniers d'habitudes, de
terreurs familiales, d'errances de couples ? Sans doute faut-il
énormément de volonté et de courage pour en
sortir. Et si nous nous en échappons, le chemin vers la sérénité
est encore tellement long…
La mère et son fils (mais presque plus encore le fils et
sa mère) occupent le terrain, physiquement, émotionnellement,
pendant tout le déroulement de l'histoire qui s'articule
en deux parties, l'une à l'intérieur, oppressante,
éprouvante mais non dénuée de tendresse, de
poésie, d'émerveillement… l'autre à l'extérieur,
le "dehors", bien sûr réparatrice mais pas
seulement : espace miné de dangers insoupçonnables,
et où les meilleures intentions peuvent être catastrophiques.
Entre les deux morceaux du récit, il y a l'échappée,
une longue séquence incroyablement prenante, où les
émotions se vivent dans l'instant, comme si tout avait été
filmé dans la continuité. Rien ne peut remplacer le
pouvoir du cinéma, là, dans ces images.
