Se regarder le nombril, lorsqu'il
a quelque chose d'un tout petit peu universel et que le regard comporte
un minimum de recul, c'est forcément intéressant.
L'histoire du nombril de Canet, qui tourne beaucoup autour de la
notoriété et de l'image que l'on donne, n'est pas
fondamentalement passionnante. Monsieur Cotillard (ah ah) se montre
lui-même sous un jour pas très reluisant, et cette
auto dérision a un aspect un peu faux-cul, comme s'il se
dépeignait comme un personnage du cinéma français
assez fade en comparaison d'un Gilles Lelouche fêtard et toujours
au top (oups, comme contraire, c'est pas tout à fait flagrant),
tout cela pour qu'on lui dise, mais non, Guillaume, tu es formidable,
ta modestie et ton naturel font partie de ton charme… Oui…
mais non. Certes, Canet n'est pas nul, ni en tant qu'acteur ni en
tant que réalisateur, mais il n'est pas non plus exceptionnel,
loin de là. Son film, fausse fiction, faux auto documentaire,
est parfois drôle, sur des détails bien plus que dans
le déroulement du récit, mais il ne surprend jamais,
tous les ressorts humoristiques sont éculés et ni
Canet lui-même, ni Cotillard n'ont la puissance comique d'une
Sandrine Kiberlain (pour ne citer qu'une comédienne capable
de jouer dans tous les registres). Cela donne une impression un
peu étrange de lourdeur vraiment pachydermique sur un sujet
extrêmement léger. Une scène sort du lot, celle
qui montre la colère des frères Attal, où l'on
voit, là, pendant deux ou trois minutes, ce qu'est une vraie
présence. Il y a de la puissance, c'est à la fois
drôle, sincère et presque inquiétant. C'est
tout à fait autre chose que les petites mimiques contrites
de Canet ou ses tonnes de maquillage pour les scènes finales,
censées faire basculer l'ensemble dans un bon gros délire
et qui sont juste pathétiques.
