Le titre renvoie à la
Roumanie, à sa complexité ethnique. Mais aussi à
l'IRM, l'observation profonde d'une partie d'un corps, ce dernier
étant ici une micro société, les habitants
d'une petite ville de Transylvanie confrontée au chômage,
à la difficulté de survivre, à l'exil de certains
d'entre eux qui vont chercher un emploi mieux rémunéré
dans les pays voisins, à l'arrivée de travailleurs
étrangers n'ayant pas les mêmes façons de vivre.
Cela pourrait être un drame à la Ken Loach, mais c'est
un Mungiu. Les scènes s'étirent, parfois en plans
fixes, parfois avec une caméra très mobile, mais toujours
allant chercher le détail qui fait basculer les choses, ou
qui ne fait que les suggérer. On pense à Haneke, pour
ce goût des situations décortiquées, complexes,
gardant leur part de mystère comme cette fin hallucinante
mais refusant le spectaculaire, incompréhensible, qui ne
résout rien parce que rien ne peut être résolu.
Tout s'entremêle, le politique, les contingences économiques,
le racisme en filigrane puis complètement exposé,
énorme, effroyable mais finalement pas si surprenant que
ça, et puis les histoires de désir et d'intimité,
les peurs enfouies, secrètes. La beauté d'un air au
violoncelle souillée par les pulsions, la violence brutale
des uns, le pouvoir que d'autres s'octroient parce qu'ils ont plus
de moyens, tout s'oppose ou se dilue dans un chaos final, un écran
noir qui laisse le spectateur dans un état de sidération.