Drôle de personnages au pays
des cadres : ils sont employés ou acteurs, angoissés
de perdre leur travail, ils ne jouent pas leur propre rôle,
et d’ailleurs, qui sait qui est qui ? Drôles de rapports
au pays des cadres, perversité, mensonges, dissimulation, déguisements,
tous les coups sont permis, d’ailleurs la hiérarchie
est sans cesse bousculée, le patron lui-même est-il encore
à la tête de son entreprise ? Drôle d’ambiance
au pays des cadres, la fête est sinistre, les sourires sont
figés, tout le monde boit mais qui sait ce qu’il y a
dans les verres, et d’ailleurs les verres en sont-ils vraiment
?
Drôle d’impression à la vision de ce film déstabilisant,
aux repères mouvants, aux points de vue multiples qui remettent
sans cesse en cause ce que l’on vient de voir. Les comédiens
(on peut les appeler ainsi, tant leur travail s’apparente au
théâtre) doivent se régaler, à jouer de
multiples fois la même scène, avec des variantes infimes
ou radicales (et parfois ce sont les plus petites inflexions de voix,
les regards plus longs d’une demi-seconde qui sont plus efficace
qu’une façon de jouer diamétralement opposée).
Le spectateur, sur ce terrain instable, s’y perd un peu, admire
tout de même le travail d’acteur, trouve tout cela fort
intéressant, mais cherche l’émotion en vain.
On ne pourra pas reprocher au réalisateur de ne pas avoir cherché
à être original, ambitieux, novateur. Le résultat
de cette recherche n’est pas toujours spectaculaire, mais questionne,
sur les rapports humains, sur l’effroi qu’ils peuvent
engendrer.