Le récit des émigrés,
clandestins, sans papiers, exploités, exposés à
tous les dangers, on l'a déjà vu au cinéma,
de multiples façons, et pourtant cette aberration si humaine
et si détestable perdure dans tant de pays, elle fait toujours
et sans doute de plus en plus de victimes sur les frontières,
qu'elles soient terrestres ou maritimes.
Ici, le chemin est terriblement long pour une poignée d'adolescents
partis du Guatemala en route pour les Etats Unis… le rêve
est doré et la réalité est sombre. Le réalisateur,
qui fut assistant de Ken Loach (ce n'est pas par hasard), navigue
entre documentaire et fiction. Un documentaire en forme de road-movie,
perché sur les toits des trains qui traversent lentement
l'Amérique centrale du sud vers le nord, sous la menace des
flics mexicains, des pirates terrestres (ou bandits de grand chemin
de fer) et autres profiteurs en tous genres. La fiction épouse
les dangers, sans concession, sans pitié pour les personnages.
Il ne s'agit pas d'un film hollywoodien qui ferait que tout le monde
se retrouve à la fin sur une plage californienne, on en est
même très loin. Mais ce qui est finalement le plus
intéressant, et le plus surprenant aussi, ce sont les rapports
tissés entre les trois adolescents, leur évolution,
l'Humanité qu'ils sous-entendent. Malgré la noirceur
de leurs destins, ils parviennent à faire naître de
l'espoir, ils élèvent le film au-dessus du simple
descriptif, si honnête et si terrifiant soit-il, ils font
croire en quelques hautes valeurs humanistes.
Respect !