Film de genre, certes. Un genre
douteux, sans doute. Du cinéma, c'est sûr : gros travail
sur les images, les transitions, le rythme, les cadrages, le son,
les éclairages… Un scénario minimal, sans aucune
surprise, le spectateur vient voir une (très) jolie fille
(très) maltraitée par trois abrutis et qui les dégomme
un par un. On peut même deviner dans quel ordre. De celui
qui a juste laissé faire, sans porter secours, jusqu'au bellâtre
qui a tenté de la tuer, en passant par le violeur visqueux.
Si on admet qu'une personne tombant d'une falaise d'une vingtaine
de mètres de haut et s'empalant dans un morceau de bois (si,
si, la fille est empalée, le morceau de bois lui traverse
le ventre, et ce n'est pas un petit morceau de bois) peut se réveiller
quelques heures plus tard, se dégager de cette situation
embarrassante, survivre, se soigner toute seule avec un briquet,
une cannette de bière et un psychotrope, puis cavaler dans
le désert sans boire ni manger… on peut alors prendre
cette histoire comme elle est, une tentative de survie suivie d'une
vengeance sanglante. Très, très sanglante. Il est
possible d'en être dégoûté (des spectateurs
ont quitté la salle), il est possible aussi de prendre cela
comme un jeu régressif et finalement jouissif, parce que
c'est plutôt plaisant de voir une frêle jeune femme
réduire en bouillie trois produits de la virilité
la plus immonde. Le film dans son ensemble se prend tout de même
un peu trop au sérieux, quelques notes d'humour supplémentaires
n'auraient rien gâché (il y en a bien un peu, notamment
dans la séquence finale, avec la publicité en boucle
passant sur l'écran de télévision pendant que
le duel à gros coups de fusil se poursuit…) et la partie
survie et vengeance paraît très longue, alors que le
début faisant naître la tension semble un peu expédié.
La réalisatrice, visiblement douée, survivra-t-elle
à cette première œuvre radicale et très
série B ? Rien n'est moins sûr. A suivre, donc.