Prendre un sujet : la violence
et la manière de l’affronter, de la détourner,
de la reprendre à son compte jusqu’à la vengeance.
Confronter à ce sujet quelques personnages en plein désarroi,
perte d’une mère pour l’un, divorce pour d’autres,
écoeurement face à l’aberration des hommes qui
se font la guerre… On imagine le scénario écrit
comme une démonstration mathématique : si l’un
fait ceci, l’autre fera cela, ce qui entraînera la réaction
attendue d’un observateur, et alors… Au bout d’une
demi-heure, on a compris comment le récit fonctionne, et toute
émotion en est exclue. Pourtant, il y a profusion de scènes
où l’on s’embrasse, où l’on se dit
des mots terribles pour se réconcilier par la suite, où
les larmes coulent, où les regards en disent plus que l’Encyclopédie.
Mais le caractère schématique de l’histoire est
beaucoup trop voyant pour qu’on puisse s’attacher aux
personnages et à leurs doutes (ou certitudes). Les questions
posées sont intéressantes, bien sûr, mais on a
parfois l’impression d’un dossier très complet,
avec tous les outils d’analyse mis à disposition. Où
peut donc se glisser le libre-arbitre du spectateur ? De plus, les
balises du récit sont énormes, comme ce silo dominant
la ville : on sait d’avance qu’il s’y passera quelque
chose de terrible, ou de rédempteur.
Au final, malgré l’avalanche de questions posées
sur la violence et comment y faire face, on les laisse toutes dans
la salle de cinéma. Les réponses données par
le film sont bien trop théoriques pour bouleverser le quotidien
de la vraie vie.
