Pas lu le bouquin.
Quelle claque !
C'est juste l'histoire d'une transplantation cardiaque… vue
par celui à qui on prend le cœur, par celle à
qui on le donne, par tous les médecins qui font tout pour
que cela se fasse, par d'autres aussi, qui observent ou vivent cette
transplantation de près ou de loin. Dit comme cela, il y
a de quoi fuir, non ? Mais le film scotche les spectateurs, de la
première minute à la dernière. Plus que de
la transplantation, le récit est celui de la transmission,
des transmissions. C'est un chemin pour la vie, d'une aube macabre
à un sourire sublime. C'est une course de relais, où
la vitesse n'est pas la seule exigence. Il en faut, de l'Humanité
chez tous ces humains. Il y a des hésitations, des doutes,
des renoncements, des gouffres de désespoir, une perte infinie
et puis du travail d'équipe qui va bien au-delà d'une
simple collaboration entre médecins, ces personnes-là
sont tout simplement énormes, ce qu'elles donnent est vital,
à tous les sens du terme… et puis encore un abandon,
un lâcher prise total, tu laisses ton cœur pour accepter
celui d'un autre, tu te rends vraiment compte de ce qu'on te donne
? Tu imagines la responsabilité pour ce que tu as là,
au milieu de ta poitrine ? Va pas gâcher, hein…
L'émotion est… comment dire... vive. Violente. Elle
t'anéantit et elle t'euphorise. Les sanglots ne sont pas
loin, les larmes coulent, la réalisatrice réussit
son coup. Elle construit un récit en tranches distinctes,
comme dans un film choral où chaque personnage a son importance,
de la petite amie de celui qui donne son cœur jusqu'à
l'apprentie chirurgienne qui ne fait que dévisser le bocal
contenant le même cœur, en passant par ce colosse d'un
calme absolu qui règne sur un bureau où se décident
les transplantations (Dieu est noir, il en est la preuve !), ou
bien ces deux frères si différents l'un de l'autre,
qui couvent leur mère chacun à leur façon…
Et puis deux médecins, joués par Tahar Rahim et Bouli
Lanners, tous les deux à mille lieues de ce qu'on leur demande
d'habitude, surprenants par leur détermination, leur calme,
leur bienveillance, leurs regards. Et puis la douleur d'une mère,
ineffable, jouée par Emmanuelle Seigner en état de
grâce. Et au bout du chemin, Anne Dorval, oh, Anne Dorval…
Katel Quillévéré frappe fort, très fort,
son film est d'une maîtrise incroyable, d'une inventivité
constante, à la fois sobre et d'un romantisme ravageur.