Reine des pommes, pourquoi pas
? mais reine du système D, voilà qui est certain. Valérie
Donzelli parvient à faire un tout petit film qui lorgne vers
Rohmer (en moins cérébral), Emmanuel Mouret (en beaucoup
plus drôle, ouf !) ou bien encore Honoré (en se prenant
moins au sérieux). Elle ose tout, à doses homéopathiques,
le burlesque, la comédie musicale minuscule et va même
jusqu’à créer de l’émotion avec de
tout petits riens. C’est la preuve qu’avec une économie
de moyens, on peut réaliser une œuvre originale et créative,
en faisant jouer les quatre personnages masculins par le même
acteur (qui joue comme un pied, mais qu’importe, c’est
fait exprès et c’est vraiment drôle), en portant
la même robe d’un bout à l’autre du film,
en utilisant un dispositif technique ultraléger (pas d’éclairages,
et presque toujours les mêmes lieux). Il serait maintenant intéressant
de voir si cette créativité et cette fraîcheur
résisteraient à un gain de moyens, ou bien si justement
la spontanéité très charmante ne vient pas uniquement
de la simplicité de la mise en œuvre. Mais, sans extrapoler,
on peut dire que l’actrice-réalisatrice sait parler de
l’amour, des rencontres, du désir, du manque, des couples
et de la solitude avec finesse, de façon complètement
décalée et presque inédite.