C'est rare de voir une telle
ampleur dans une production française. Les effets spéciaux,
sans être parfaits, sont impressionnants et absolument pas
gratuits, ils servent le récit sans l'étouffer. On
a bien un aspect fantastique, mais celui-ci reste à l'état
de contexte, le vrai sujet se situe bien plus du côté
de l'acceptation de la différence, de l'altérité
–le personnage joué par Romain Duris a cette maxime,
de René Char, "Ce qui vient au monde pour ne rien
troubler ne mérite ni égards, ni patience."
- , du comment vivre avec la transformation radicale d'un être
cher. Le parallèle peut être très vite fait
(trop, peut-être) avec la situation des migrants, ou des handicapés,
ou des adolescents...
On peut aussi tout simplement accepter le postulat tel qu'il est
présenté, des humains se transformant progressivement
en "créatures" animales, sans que cela soit expliqué...
et c'est tant mieux, le spectateur peut juste accepter la dimension
romantique sans message scientifique ou écologique, ou bien
imaginer, selon sa propre vision du monde, les raisons d'une telle
déshumanisation. Le film permet ces multiples lectures, parce
qu'il est formidablement construit et rythmé, qu'il entretient
un suspense terrible. Au final, ce qui reste sans doute le plus
profond dans son traitement, c'est la relation entre un père
et son fils, l'amour paternel qui subsiste au delà du déchirement.
