Difficile de ne pas penser au projet
Blair Witch, et plus encore à Cloverfield, à toutes
ces images censées être tournées par un des personnages
du film, et qui n’offrent donc qu’un seul point de vue.
Ici, le procédé apparaît dans toute son artificialité,
peut-être parce qu’il prend appui sur une émission
de télé-réalité, qui comme son nom l’indique
(ou pas) est un faux-semblant du réel. Les personnages, du
fait du scénario, sont enfermés dans un univers clos
et évoluent dans un décor absolument pas fascinant,
au contraire des vues hallucinantes de New York dans Cloverfield.
De plus, à partir du moment où l’on a compris
le type de "monstre" qui hante l’immeuble-prison,
il n’y a plus de surprise possible, juste des effets bien classiques,
créant des effrois soudains après des moments calmes.
Rien de bien original, en somme.
Les limites du procédé rapidement atteintes, il ne reste
plus grand chose à se mettre sous la dent, et au final, on
ne peut s’empêcher, encore, de faire le parallèle
avec l’excellent Cloverfield. Dans les deux films, l’action
débute au crépuscule, avec des scènes anecdotiques,
censées créer une proximité avec les personnages.
Puis, de façon inattendue, un danger irrationnel fait irruption
dans le récit et ne fera que croître pendant la nuit.
Au matin, tout est dit, on compte les survivants, on mesure les conséquences
de l’hécatombe. Et la comparaison ne tourne pas à
l’avantage du film espagnol : alors que le dénouement
est censé donner des clefs pour comprendre, l’ectoplasme
entrevu est à la fois classique, déjà vu, et
brouillé, trop confus pour faire réellement peur. Dans
l’épilogue du film américain -new-yorkais- le
mystère du monstre reste entier (effectivement, on n’avait
pas envie d’en savoir plus) et l’aube, apportant les premières
lumières naturelles, au grand air, n’était paradoxalement
qu’angoisse et désespoir, puisqu’on connaissait
l’issue. Dans [REC], pas de paradoxe, pas d’impression
d’anéantissement, juste un "tiens, c’est fini"…