Une comédie
? que nenni ! plutôt une chronique d'une folie annoncée,
qui vire à la mélancolie et au désespoir, pour
basculer à la toute fin dans une autre "réalité",
rêve idyllique pour certains, cauchemar pour d'autres...
C'est le parcours de Luciano, joyeux luron qui sait amuser sa famille
et ses voisins, financièrement et socialement un peu plus aisé
que la moyenne de ceux qui l'entourent, parce qu'il ajoute à
son activité professionnelle (il est patron d'une petite poissonnerie)
quelques trafics pas exactement légaux (et pas fondamentalement
clairs, il faut bien le dire : il est question de robots ménagers
qui passent de main en main, qu'il faut rendre... et il semble que
cela rapporte, mais comment ? mystère...). Luciano se retrouve
malgré lui à passer le casting d'une émission
de télé-réalité et après avoir
été choisi dans une première sélection,
il commence à y croire, alors qu'aux yeux du spectateur, il
est bien évident qu'il n'a pas été retenu. Ce
n'est pas ici le phénomène de cette télé
berlusconienne qui est au centre du récit mais bien plutôt
le sentiment que la société telle qu'elle est ne donne
que des miettes au commun des mortels pendant que seuls quelques nantis
profitent de la célébrité et de la richesse avec
en prime le bonheur supposé qui est censé aller avec.
Bien sûr, ce n'est pas "comment être malheureux alors
qu'on a tout pour ne pas l'être", la vie à Naples
dans un quartier populaire en temps de crise peut ne pas être
toute rose, mais l'interprétation de Aniello Arena montre à
la fois la folie paranoïaque de Luciano lorsqu'il pense être
espionné par des envoyés de l'émission de télé
et l'attrait facile et très clinquant qu'exerce sur lui l'univers
doré de ceux qui semblent avoir réussi. Parmi ces derniers,
il y a le personnage de Kevin, sorte de double de Luciano pour son
bagout, son aisance naturelle. Mais lui est passé par l'émission,
il est donc riche et heureux, sauf que... il est bien visible qu'il
ne respire pas la joie de vivre. Sa solitude et son absence de liberté
quand à ses choix auraient pu être un peu plus creusées,
pour exprimer avec encore plus de force l'aspect illusoire de la pseudo-réussite
due à la célébrité.