Mais qu’est-ce qu’ils
peuvent être stupides et bornés, ces américains
! Ils tiennent là un sujet magnifique, les acteurs engagés
sont passionnants et ils ne trouvent pas mieux que de filmer cette
histoire allemande, avec une problématique allemande, mettant
en cause des personnages allemands, en anglais ! Même les bouquins
lus par le jeune homme à son amante sont en anglais ! On voit
les mots sur les pages, les titres des livres, tout est en anglais.
Cela réduit considérablement la crédibilité
et l’émotion de l’ensemble. Lorsque par exemple,
on voit Kate Winslet dans sa prison commencer à apprendre à
lire avec "la dame au petit chien (the lady with a dog)",
et répéter "the" comme son premier mot lu,
la scène est faite pour être monstrueusement émouvante.
Sauf qu’elle ne l’est pas, car cet "analinguisme"
est plutôt ridicule.
Si l’on parvient à surmonter et oublier ce défaut
majeur, le film est formidablement bien fait, avec une narration classique
sans effets, une foule de questions à la sortie sur la culpabilité
collective et individuelle, une beauté formelle sans failles.
Bien sûr, Kate Winslett est parfaite, presque trop, dans ce
rôle oscarisé et qui tient plus de la performance que
d’une véritable implication : on sent parfois la volonté
d’émouvoir plus que l’émotion elle-même.