Les randonneurs sur le GR 20 en
Corse, il y a onze ans, c’était plutôt frais et
drôle. Philippe Harel avait trouvé un ton de comédie
se démarquant des grosses productions, reposant sur des personnages
bien dessinés, des dialogues aiguisés, et même
si l’histoire cédait à pas mal de facilités,
le film séduisait.
Les premières minutes de cette production apportent le plaisir
de retrouver Cora, Nadine, Mathieu, Louis, puis les scènes
s’accumulent, sans humour, parfois sinistres, sans rythme, ternes.
La différence entre les deux films est énorme, on ne
saisit pas très bien pourquoi le charme est rompu à
ce point. Peut-être parce que sur les sentiers de Corse, les
randonneurs avaient quelque chose à faire, un objectif commun
les réunissait (même si pour certains d’entre eux,
arriver au bout du chemin n’était qu’accessoire),
tandis qu’ici, ils ne font que passer des vacances ensemble,
alors qu’au fond, ce n’est qu’un pis-aller. Peut-être
aussi parce que, plus que tous les autres, le personnage de Poelvoorde
a profondément évolué. D’abruti incompétent
mais dont on pouvait rire parce qu’inoffensif, il est passé
au stade de crapule infecte, ce qui n’est absolument pas drôle,
ni même émouvant. Le pire du mépris, du dédain,
de l’abject, étant atteint avec le personnage du mari
de Cora, passant ses vacances en Bretagne avec sa sœur sourde,
sous la pluie, visiblement très attaché à sa
femme et dont le scénario et la mise en scène en font
un type misérable.
Avec tant de méchanceté gratuite, on a finalement l’impression
de voir un Bronzés 3 bis, en beaucoup moins bien. C’est
dire l’étendue du désastre.
Seule, Géraldine Pailhas apporte de temps à autre quelques
nuances, un minuscule supplément d’âme.