C'est un sujet en or : en s'inspirant
de l'histoire véridique de deux paumés qui ont "kidnappé"
le cercueil de Charlie Chaplin pour réclamer une rançon,
Xavier Beauvois avait l'occasion d'une part de montrer le quotidien
de ces deux personnages, pieds nickelés exclus de la bonne
société, et d'autre part d'établir un parallèle
poétique et social avec l'univers de Chaplin et de son personnage
Charlot, miséreux lui aussi, cherchant à s'élever,
et retombant toujours...
Les intentions sont bien là, il y a quelques trouvailles,
comme celle de glisser une scène muette (noyée sous
la musique, d'accord, mais muette tout de même) dans son récit,
ou de faire basculer l'un de ses deux personnages dans un cirque...
Même le baraquement où vit Roschdy Zem ressemble aux
cabanes de "la ruée vers l'or" ou des "temps
modernes".
Mais tout cela paraît bien lourd, beaucoup trop appuyé,
sans finesse. La faute essentiellement à un gros problème
de rythme. On s'ennuie ferme, certaines séquences semblent
durer des heures, comme l'exhumation du cercueil, d'autres sont
calquées sur des scènes déjà vues (la
demande de rançon au téléphone est non seulement
répétitive mais en plus c'est une très pâle
copie de celle de "J'ai
toujours rêvé d'être un gangster"),
tout est lent, les transitions entre les différentes étapes
du récit comme le rythme à l'intérieur de chaque
scène.
Les acteurs sont pourtant assez crédibles, bien qu'un peu
trop élégants et charismatiques, mais rien n'y fait,
on voit arriver gros comme un cercueil chaque rouage de l'histoire,
et aucune émotion n'arrive à s'élever de cette
laborieuse mise en images d'une aventure qui aurait pourtant mérité
mieux.