La rafle *

Rose Bosch

L'histoire

Un témoignage sur la rafle du Vel' d'Hiv', dont furent victimes plus de 13 000 juifs français, parmi lesquels de nombreux enfants, les 16 et 17 juillet 1942.

Avec

Mélanie Laurent, Gad Elmaleh, Jean Reno, Raphaëlle Agogué, Hugo Leverdez

Sorti

le 10 mars 2010

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Pour ne pas oublier

 

La rafle du Vel d’Hiv, grande honte nationale, n’est pas un sujet rebattu au cinéma. A part "Monsieur Klein", qui offre quelques scènes saisissantes, mais dont ce n’est pas le sujet principal, le cinéma français semble éviter consciencieusement cet épisode. Un peu comme le massacre du 17 octobre 1961 quelques années plus tard…
Dans la nuit du 16 au 17 juillet 1942, la police française organise une rafle gigantesque et procède à l’arrestation de plus de 13 000 juifs, qui seront déportés par la suite. Il est dit sur un carton à la fin de la projection qu’aucun des enfants arrêtés ce jour-là n’est revenu vivant des camps d’extermination.
Le film est digne, a le mérite d’exister, tombe parfois dans un manichéisme trop simple pour être crédible, mais il assure son devoir de mémoire : faire connaître aux plus jeunes d’entre nous cet épisode sombre de l’Histoire. Bien sûr, pour accrocher le spectateur, Rose Bosch n’hésite pas à franchir les limites du mélodrame, en rajoute dans l’émotion un peu facile et finit par transformer les salles de cinéma en grand étalage de sanglots. Mais comment résister, comment rester insensible à ces regards d’enfants devant les atrocités, le courage de quelques-uns face à la barbarie humaine… Le film peut être traumatisant pour quelques personnes mais il est finalement indispensable et certainement un pas si mauvais support pédagogique pour un rappel historique, destiné sans doute au plus grand nombre (et c’est tant mieux, quand en France l’antisémitisme retrouve tristement et scandaleusement des adeptes (tiens, à ce propos, le film est-il le reflet d’un "détail" de la seconde guerre mondiale, Monsieur le Connard suprême ?)).
Pour toutes ces raisons, on évitera de faire la fine bouche d’intello cinéphile devant les quelques facilités et raccourcis, pour ne retenir que la belle intention, pour ne pas oublier…

(Et Merci à Pierre L et Dominique P, qui sont allés le voir avant moi, et m’ont donné envie de partager leur émotion)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vos commentaires pour ce film

Un film coup de Poing, de l’émotion du début à la fin, Je suis passé par beaucoup d’états, incompréhension, stupeur, indignation et J’en suis sorti avec une grosse boule. Des acteurs très bien dans leurs rôles, beaucoup de sensibilité dans le rôle de l'infirmière déterminée interprétée par Mélanie Laurent. Un film pour ne pas oublier

Dominique P.

 

 

Un film qui nous raconte ce que nous savons, même cliché même histoire... et bien pas tout à fait, la trame est la même, l'histoire est différente ainsi que la maturité du spectateur. Le film m’a donc porté plus sur les valeurs humaines que sur l'origine du mal, le "pourquoi" pour être bref ! En effet cela porte non pas sur le "comment" non non il faut aller plus en profondeur, cela repose sur la persistance, la durée, la constance, et pour être bref à nouveau, sur "l'acharnement", puis sur les convictions, la certitude de bien faire, nous nous rendons compte que l'homme est vulnérable et que ses limites ne sont donc pas atteintes !
Alors votons pour le moins pire ou votons blanc pour affirmer le non, mais pas de place à l'improbable.


Pierre L.

 


La Rafle ou pourquoi je n'irai pas voir le film...

L'un des arguments les plus employés pour soutenir le film "la rafle" est qu'il joue un rôle dans le "devoir de mémoire", un rôle "pour ne pas oublier".
Le hasard a voulu que je tombe aujourd'hui sur la phrase suivante : "On assigne peut-être trop de valeur à la mémoire, pas assez à la réflexion". Cette phrase est écrite par Susan Sontag dans son livre "devant la douleur des autres", ouvrage où elle interroge le pouvoir des images de la guerre et où elle retrace la longue histoire de la représentation de la douleur des autres, depuis Désastres de la guerre de Goya jusqu'aux images les plus récentes de massacre en Afrique, en Bosnie ou en Palestine.
L'émotion qui naît chez le spectateur en regardant "la Rafle" favorise en effet la mémoire, mais elle met, involontairement, un écran à la réflexion. Plus on franchira "les limites du mélodrame", moins on laissera de place à la réflexion. Plus on s'inquiétera du sort de tel ou tel enfant, moins on sera en mesure de comprendre comment 6 millions de personne ont pu disparaître dans la nuit et le brouillard.
Et pourtant la réflexion doit être notre moteur. L'un des enjeux du questionnement n'est pas d'arriver à l'empathie avec les victimes, ni même de juger les bourreaux, mais d'étudier toute cette zone grise, dans laquelle nous pourrions tous nous engluer si les conditions étaient remplies pour que nous y soyons confrontés.
Le choix de la réalisatrice de ne présenter que des victimes, des salauds (les policiers) et des gens merveilleux de courage, loin d'aboutir à ce qu'elle souhaite, nous permet d'être confortable : je n'aurais pas été un salaud, donc j'aurais forcément été quelqu'un de bien, car c'est à eux que je peux m'identifier.
Annette Wieworka dans une très intéressante tribune dans Libération concluait son texte en disant : "Contrairement à ce qui se dit ici ou là, la Rafle ne confronte pas les Français à leur passé. Elle les réconcilie avec lui." Car avec cette simplification à outrance de la période (et ses erreurs : cf. l'article de Wieworka), nous pouvons grâce à l'empathie totale envers les victimes, nous regarder à nouveau dans la glace.
Nous étions à peu près tous d'accord pour nous élever contre la vaine tentative de notre président de la République préféré d'instrumentaliser cette mémoire, avec la lettre de Guy Mocquet et "le parrainage de la mémoire d'un enfant victime de la shoah par des élèves de CM2" . Il est beaucoup plus difficile de le faire sur la base d'un film (fondé sur une histoire vraie) fait avec sincérité et sans mauvaise pensée...


Philippe L.



 

Envoyez votre commentaire