Qu'un seul tienne et les autres suivront **

Léa Fehner

L'histoire

Stéphane se voit proposer un marché qui pourrait changer sa vie, Zohra cherche à comprendre la mort de son fils et Laure vit son premier amour pour un jeune révolté incarcéré.

Avec

Farida Rahouadj, Reda Kateb, Pauline Etienne, Vincent Rottiers, Dinara Droukarova, Marc Barbé, Julien Lucas, Delphine Chuillot

Sorti

le 9 décembre 2009

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Naissance d’une cinéaste

 

 

 

 

 

Ce n’est absolument pas le genre de film que l’on va voir entre copains un samedi soir avant une partie de rigolade dans un café à boire bière sur bière. Ce n’est pas.
C’est le type de film programmé dans les salles art et essai de province, et pas à n’importe quelle heure… on y va peut-être parce qu’il n’y a rien d’autre, parce que l’orgie de films pour enfants en cette période de Noël, dégoulinants de bons sentiments, rend malade avant l’heure… et on en sort le cœur serré, l’esprit chamboulé par ce tourbillon d’histoires et de sentiments, avec l’impression d’avoir vu le premier film d’une future grande du cinéma. Elle s’appelle Léa Fehner. Elle est la scénariste, et la réalisatrice ; à vingt-huit ans elle impressionne...
Son récit est construit comme du Bach, comme une succession de formules mathématiques, taillé au cordeau, d’une splendide complexité et pourtant parfaitement clair, ne se perdant jamais en cours de route. Ses trois histoires complètement dissociées, dont on a l’impression qu’elles se déroulent en parallèle alors qu’elles forment un faisceau convergent implacable, pourraient être un carcan pour le film, brider la mise en scène, l’étouffer. Bien sûr, il n’en est rien ; à l’intérieur de ce cadre rigide mais intensément riche, foisonnant, la réalisatrice ne se contente pas d’une mise en images plate et discrète. Elle parvient à créer des contrastes, des échappées, des petites légèretés dans un ensemble plutôt lourd, profond, puissant. Elle porte en elle une science des cadres, du temps pour installer une scène, de la lumière nécessaire pour illuminer une rencontre sans la dénaturer. Elle sait rendre beaux des visages ingrats ; les corps, les démarches, les postures… tout est porteur de sens dans sa façon de traquer ses acteurs.
Ce n’est pas à proprement dit un film choral, puisque les personnages ne se rencontrent pas, ou si peu, mais l’ambition du film semble de cet ordre, et le résultat est à la hauteur, dépassant son contexte, montrant plus que la position de ceux qui vont dans les prisons pour voir leurs proches. Il parle de l’amour, de la vie, de la mort ; il atteint tout un chacun parce que ceux que Léa Fehner a choisis de décrire sont tout à fait crédibles, ils ressemblent à tout le monde malgré leurs gueules de cinéma… oui c’est un beau film, sans failles et qui pourtant parle des fêlures. Oui c’est un beau film, qui reste en mémoire, qui vous hante, qui vous transperce.

 

 

 

 

Pas encore de commentaires pour ce film

 

Envoyez votre commentaire