Au bout de cinq minutes de projection,
il est légitime de se dire, non, c’est une erreur, je
n’ai rien à faire ici, même Terminator dans la
salle d’à côté, ce serait mieux ; et dans
un autre genre, dans un autre cinéma, le dernier Lars Von Trier
devient tentant... Mais les fauteuils sont confortables, et en cette
soirée de finale de championnat de rugby, il n’y a que
des femmes dans la salle (à part moi…), les parfums sont
agréables, il y a des chuchotements (pas de cris, faut pas
exagérer)…
Bref, on reste.
Au premier degré, c’est une histoire familiale abracadabrante,
aussi crédible qu’un mauvais conte de fées, ressemblant
à un feuilleton de l’été télévisuel
en plus court (ouf). Lorsque les deux futurs amoureux se rencontrent,
même si vous ne les avez pas vus sur l’affiche, les regards
et la musique romantique vous font bien comprendre que ces deux-là
vont s’aimer d’un amour éternel. Lorsque l’un
d’eux fait une découverte bouleversante, c’est
forcément dans une pièce secrète, mise à
jour sous l’effet d’une étreinte… Le tout
est formidablement mal joué : dialogues écrits, anti-naturels,
débités sans conviction par des acteurs dont les personnages
ne sont que des clichés, sans aucune surprise.
Le second degré arrive assez vite : dans chaque scène,
on peut s’amuser (mollement, mais il faut bien s’occuper)
à deviner avec quelques secondes d’avance, ce qui va
se passer. Neuf fois sur dix, on a raison. Les révélations,
les secrets bien gardés, les différents rouages du récit,
tout cela est balisé, repérable à des kilomètres,
comme un Almodovar pour les nuls.
Tiens, Almodovar : voilà le troisième degré.
Tenter d’imaginer ce que le maître espagnol, même
en petite forme, aurait fait d’un tel scénario, c’est
voir un autre film, plein de mystères, de cadavres dans les
placards, de personnages à double face, de bouleversements
dans la narration, du cinéma en somme.
Pour cette chose commise par une industrie cinématographique
française qui sait s’y prendre pour dégoûter
son public, on est sans doute bien plus proche d’une esthétique
télé, une histoire pré mâchée pour
téléspectateurs fatigués du dimanche soir. Dans
le générique de fin, on peut voir que le film est produit
par TF1, entre autres. Je ne rajouterai rien de plus.