James Bond, c’est l’élégance, c’est
l’humour, c’est le second degré, c’est une
façon détournée de parler de l’état
du monde, c’est de la fausse légèreté dans
un monde de brutes, surtout ce n’est pas sérieux. James
Bond n’est jamais amoureux, il n’est jamais vraiment en
colère, il se remet de la mort de ses amis (mais des amis,
en a-t-il réellement ?) en dix mètres de pellicule,
il ne pleure jamais…
Ici, c’est exactement le contraire : James Bond sourit trois
secondes, il a autant d’humour que Rambo, il n’a aucun
détachement, aucun recul, il prend tout au premier degré.
Bref, ce n’est pas James Bond. Aucune classe, rien que de la
brutalité stupide, des cicatrices qui vont et viennent, un
regard bleu azur totalement vide.
Si on accepte cela (on va voir un 007 mais ce n’est pas lui,
c’est juste un clone de Jason Bourne, en moins charismatique
(c’est dire l’arnaque)), on peut essayer de prendre plaisir
à voir un film d’espionnage classique, avec une intrigue
passionnante, un méchant terrible, des demoiselles caractérielles,
naïves et/ou impitoyables…
Là encore, grosse déception : c’est incompréhensible.
Pourquoi va-t-il à cet endroit, pourquoi fait-il confiance
à cet olibrius sorti de nulle part, pourquoi suit-il cette
fille qui ne lui a rien fait, pourquoi Judi Dench l’aime puis
ne l’aime plus puis l’aime finalement, et le pire : pourquoi
s’en moque-t-on complètement ?
Parce qu’en réalité, le scénario est pitoyable
(une fois que la pelote est déroulée, on se rend compte
de la pauvreté de l’ensemble) et donc Forster tente de
le masquer sous des tonnes d’effets de caméra qui font
croire que tout est très compliqué.
Et on ne parlera pas d’Amalric, le ridicule ne tuant point,
il s’en remettra.
Allez, messieurs les producteurs, faites un effort, prenez la peine
de mettre au travail quelques scénaristes inspirés,
trouvez un James Bond qui fasse vraiment James Bond, et si vous ne
voulez pas chercher, une idée : recrutez un vieux : Sean Connery,
qui ferait par exemple un 007 à la retraite perclus de rhumatismes,
mais ayant gardé tout son humour et s’amuserait comme
un petit fou avec les nouvelles technologies (comme les vieux savent
le faire : avec ravissement et trouvant toujours l’énormité
qui plante le système). Il y aurait une kyrielle de filles
plus belles les unes que les autres, prêtes à se damner
pour passer une nuit avec la légende, mais lui s’endormirait
au bout de cinq minutes…
Oui, rendez-nous un vrai James Bond, celui-ci est un cauchemar.