C’est donc un biopic, comme
on dit. Un biopic de truand, comme Mesrine. Sauf qu’ici, Amérique
oblige, il s’agit de John Dillinger, braqueur de banques, dont
on suit les derniers instants, pendant que le FBI en est à
ses prémices. Johnny Depp en méchant sans humour mais
plein d’amour pour sa Billie, le crépuscule d’un
ennemi public numéro 1, l’affrontement à distance
entre un flic tenace et sa proie insaisissable, tout cela était
prometteur, malheureusement Michael Mann n’est pas Sergio Leone,
et l’ambiance imposée par les caméras numériques
HD donne beaucoup de froideur à un film enfilant les lieux
communs comme des perles. Dillinger braque les banques, Dillinger
est arrêté, Dillinger s’évade, Dillinger
tombe sous le charme de Billie –mais on ne ressent pas grand
chose de cette histoire d’amour-, Dillinger est en cavale, Dillinger
est poursuivi, Dillinger va mourir…
On ne compte plus les fusillades, les poursuites en voiture, les beaux
costumes et les décors d’époque. Tout est prévisible,
déjà vu, et au bout du compte assez ennuyeux. Le contexte
historique et politique est totalement ignoré, il n’y
a aucun point de vue de la part du réalisateur qui semble plus
intéressé par le maniement de ses joujoux techniques
super-numériques-high tech que par l’histoire qu’il
est en train de dérouler. Dans dix ans, cette technique sera
totalement dépassée, il ne restera que le style, clinquant,
sans finesse et sans saveur.