Un prophète **

Jacques Audiard

L'histoire

Condamné à six ans de prison, Malik El Djebena ne sait ni lire, ni écrire. Il paraît plus fragile que les autres détenus.
D'emblée, il tombe sous la coupe d'un groupe de prisonniers corses qui fait régner sa loi dans la prison. Le jeune homme apprend vite. Au fil des " missions ", il s'endurcit et gagne la confiance des Corses.
Mais, très vite, Malik utilise toute son intelligence pour développer discrètement son propre réseau...

Avec

Tahar Rahim, Niels Arestrup, Adel Bencherif

Sorti

le 26 août 2009

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Parcours carcéral (et) initiatique






 

S’il voit le film, le ministre chargé des prisons n’a plus qu’une seule chose à faire, démissionner. Et avec lui, tous les décideurs de toutes opinions ayant une responsabilité pour ce qui se passe dans cette institution aux abois. Même si le réalisateur se défend d’avoir fait un film uniquement réaliste, il montre tout de même l’univers carcéral sous un angle terriblement crédible, et il n’est pas reluisant. Mais ce qui est le plus effrayant, ou le plus désespérant (ou même encore le plus réjouissant, tout dépend du point de vue où l’on se place), c’est le déroulement de l’histoire, le récit d’une ascension inéluctable. Entré en prison comme un petit délinquant de dernière zone, un cafard que les caïds pourraient écraser sans même s’en rendre compte, il en sort quelques années plus tard accueilli par un cortège de voitures rutilantes aux vitres fumées… Son évolution vers le sommet du pouvoir s’est (presque) entièrement faite entre les murs censés empêcher les voyous de nuire, avec un profit maximum des permissions qui lui sont octroyées. De quoi véritablement se poser des questions sur le rôle, l’utilité et les conséquences de l’enfermement.
Le grand mérite de cette œuvre de Jacques Audiard, c’est, sans échapper à la réalité quasi-documentaire, de réussir à tenir en haleine le spectateur, de transformer cette plongée en enfer en un thriller magnifique et angoissant. Le héros, puisque héros il y a, incarné de façon instinctive par Tahar Rahim qui illumine le rôle, n’a rien d’attachant, mise à part sa fragilité initiale, et encore. Le film parvient cependant à nous coller à lui, on a peur avec lui, on est presque heureux de le voir sourire, et ce au pire moment… La violence, quasi-insoutenable par instants, n’a rien de gratuit, elle est indispensable à la compréhension du personnage. Et puis, viennent en contrepoint de cette horreur pure, des séquences magiques, poétiques, oniriques, donnant à l’ensemble comme une respiration, une échappée vers un au-delà de la réalité, un rêve en apesanteur, un instant de grâce avant de retourner dans l’obscurité.
C’est un film terriblement marquant, dont on sort sonné, pas tout à fait comme on est rentré…

 

 

 



 



Vos commentaires

C’est peut-être bien, mais je n’ai pas aimé ce portrait de ce monde barbare, où la violence, la drogue, la hiérarchie féroce, les abus sexuel dominent.
Le calvaire commence, pour s’en sortir Malik va devoir se montrer plus malin que les autres, il apprend vite, très vite, découvre tous les rouages des jeux du pouvoir afin de les exploiter à son profit, au delà du bien et du mal.
Cette histoire d’apprentissage est éprouvante pour le héros mais aussi pour nous, la nature humaine n’est pas tendre. La mise en scène oppressante nous prend et nous intéresse à la vie dans et hors de la prison.


Dominique P. 1er septembre 2009


Du vrai cinoche.
J'ai failli éborgner ma voisine en voulant me protéger de quelques giclées d'hémoglobine ... j'ai souri aussi, j'ai eu peur, j'ai été choqué, secoué par l'histoire mais bien au delà par l'idée que cette histoire est crédible.
Un doute à la fin, on se demande si c'est possible, autant de violence, de corruption, de non-droit, ... en France ... on se dit, bien sûr, la sur-population carcérale, les rapports de forces, les conditions de vie odieuses, honteuses, ... mais, là tout de même ...
... et puis si, c'est possible, c'est même sûrement comme ça que ça se passe. Des fois. Et c'est déprimant ..

Ce qui est troublant et traité magnifiquement aussi, c'est la dimension humaine, sensible du processus qui transforme le petit zonard, limite sympatoche, en caïd, ... Bien sûr il y a les "systèmes", les organisations (grand banditisme, maffia ..), les clans mais il y a aussi tous ces sentiments humains qui rendent ça possible : la peur, les exigences de la survie, les cauchemars, l'honneur, l'amitié, ....
C'est d'autant plus flippant que ces sentiments nous ramènent à nous, à des gens ou des circonstances qui pourraient nous être proches. Ce n'est pas un "autre monde".


Thierry D. 6 septembre 2009

 

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