Des vitriers qui cassent des
vitres pour avoir du travail, ça s'est vu. Des inspecteurs
des impôts qui grugent l'état, ça doit certainement
exister. Un gendarme meurtrier, et qui est amené à
enquêter sur ses propres meurtres, c'est beaucoup plus rare.
Et pourtant ça existe, Alain Lamarre fut ce gendarme-tueur,
à la fin des années 70, dans le département
de l'Oise. Le film de Cédric Anger s'inspire de son histoire
pour assouvir sa soif de pénombre et d'ambiances glauques,
exaucer son désir de montrer des personnages qui n'ont pas
besoin de justifier leurs gestes pour exister, nourrir sa fascination
pour les tueurs (son premier film ne s'appelait-il pas "le
tueur" ?)
A quoi bon cette abondance d'horreurs, cette succession d'actes
meurtriers sans explications… ? Des parents particulièrement
bas de plafond, une vie sentimentale proche du néant, un
intérêt pour les choses de la vie à peu près
nul, est-ce que tout cela mérite qu'on s'y attarde ? Est-ce
que cet être-là, certes réel, pouvait faire
naître un véritable personnage de cinéma ? Guillaume
Canet a beau lui prêter son impassibilité ou sa terne
façon de faire la gueule, ce gendarme tueur n'éveille
pas grand-chose. Ni empathie (ouf !), ni franche détestation,
juste un vague dégoût, à peine plus affirmé
que celui que l'on peut avoir pour les autres, les personnages secondaires
avec parmi eux les gendarmes, belle assemblée de beaufs trop
abrutis pour être vrais…
Tout cela peut rendre taciturne pendant une paire d'heures en sortant
du cinéma, puis les images s'estompent, on oublie tout, la
prochaine fois je viserai la salle d'à côté.