Voilà du cinéma
bien lourd, bien dense, avec des personnages tellement marqués
qu’ils en paraissent (un peu) caricaturaux. Du cinéma
lourd mais pas lourdingue, ample, terriblement prenant. On pense
au classicisme de Clint Eastwood, sans véritable originalité
mais diablement efficace. A la base de ce thriller, il y a un scénario
en béton, plein d’ambiguïtés, de secrets
qui ne se dévoilent qu’à la fin, comme dans
un bon vieux film du temps passé… La réalisation
reprend quelques ficelles bien connues et éprouvées
pour mettre en place un suspense formidablement inquiétant
qui fait passer comme rien les deux heures et demie de projection.
Bien sûr, ce n’est pas le film de l’année,
et ceux qui y voient une métaphore de la société
américaine se trompent sans doute de registre. Ici, on raconte
une histoire qui doit clairement prendre le spectateur à
la gorge et ne pas le lâcher avant la fin, et c’est
bien là l’objectif principal, tant mieux si l’on
peut aussi montrer au passage quelques dérèglements
ou aberrations de la façon dont vivent les Américains,
mais ce ne sont que des effets secondaires.
Le film fonctionne comme un vieux, très vieux fauteuil en
cuir : confortable, sans effets spéciaux, mettant le spectateur
en terrain connu, en rajoutant dans la longueur du récit,
on aimerait que cela ne cesse jamais. Mais le fauteuil a aussi des
aspérités, des ressorts qui vous font mal, les rapports
entre les personnages révèlent des profondeurs inavouables,
on s’identifie bien évidemment et on se pose des questions
sur ce que l’on aurait fait, ou pas fait.
Un vrai plaisir plein de troubles…