Primaire *

Hélène Angel

L'histoire

Florence Mautret est une professeure des écoles dévouée à ses élèves. Quand elle rencontre le petit Sacha, un enfant en difficulté, elle s'en occupe au delà du raisonnable.

Avec

Sara Forestier, Vincent Elbaz, Patrick d’Assumçao, Guilaine Londez, Albert Cousi, Hannah Brunt, Ghillas Bendjoudi, Lucie Desclozeaux

Sorti

le 4 janvier 2017


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Pas si élémentaire que ça

 

C'est compliqué.
Si vous êtes…boulanger et qu'un film raconte une histoire dans le milieu de la boulangerie, vous irez le voir, et vous y trouverez des vérités, des approximations, des contre-vérités, vous risquez d'en sortir touché et agacé… Je suis maître d'école (prof d'école, dit-on maintenant, mais l'appellation change-t-elle quelque chose ?), ET cinéphile écrivant des bouts de trucs sur les films que je vois : dans le cas de "Primaire", je ne peux me défaire de mes deux casquettes !
Le film raconte d'abord une histoire, et même plusieurs histoires dans lesquelles le personnage principal est au centre de chacune d'elles. L'enfant délaissé, la fille handicapée et son auxiliaire de vie scolaire (AVS), l'enfant qui ne sait pas lire au CM2, la maîtresse divorcée et son fils dans sa classe, la maîtresse qui craque pour un père d'élève (euh, pas vraiment un père), tout était en place pour un beau film choral… Là, tout réuni sur une même enseignante et ses élèves (ou quand il ne s'agit pas de son élève, elle le prend sous son aile), c'est parfois too much. Mais chaque histoire a sa part de vérité, qui est parfois la mienne ou la vôtre si vous enseignez aussi, et parfois très éloignée d'une vérité quelconque.
Le mérite (et le défaut aussi) du film est de ne pas nier la complexité et la diversité de ce boulot. Le scénario tente d'aborder une multitude d'aspects du quotidien d'un enseignant en primaire (en élémentaire serait plus juste), parfois jusqu'à l'overdose, parfois avec ce qui me semble une grande justesse (mais c'est juste ma vision, je n'ai finalement connu que peu d'écoles dans ma vie professionnelle), parfois dans la caricature, le plus souvent dans un souci de réalisme et de sincérité, les deux n'allant pas toujours ensemble : Sara Forestier est visiblement très investie dans le rôle, au moins autant que son personnage dans son métier, c'est d'une grande sincérité et cela fait croire au personnage et en même temps, cette surdose d'énergie alliée à une exigence d'authenticité des situations et de ce qui est dit, fait parfois basculer le film dans des schémas un peu démonstratifs. On pourrait revoir le film plusieurs fois et lister ce qui semble juste, parfois très juste ("je sais pas ce que vous avez, ce matin !", quel enseignant ne l'a pas dit une centaine de fois ?), ou un peu bizarre, carrément décalé (et même, dans ce qui paraît décalé, il y aurait certainement quelque part une maîtresse d'école pour dire, non, ça je l'ai déjà vécu…).
C'est donc compliqué, parce que Primaire répond aux critères du film français populaire, avec sa bonne dose d'humour, ses scènes larmoyantes et ses bons sentiments, tout en faisant preuve d'un désir de communiquer sur le métier de prof d'école avec justesse, et se pose tout de même comme une fiction avec plusieurs points de vue de la réalisatrice : oui cette profession est usante, oui il y a, parmi celles et ceux qui l'exercent, des personnes qui font don d'elles-mêmes parce qu'elles ont une vocation ancrée au plus profond, mais aussi des blaireaux qui soit n'en rament pas une, soit sont tellement bas de plafond que vous préfèreriez voir votre enfant n'importe où mais pas face à ces fossoyeurs de l'ouverture au monde. Et puis, il y a tous les autres, dont je pense faire partie, qui ne sont ni des chevaliers de l'Education, ni des abrutis. Bien sûr, il y a autant de façons d'enseigner et de façons d'être face à des élèves qu'il y a d'enseignants, toutes les écoles sont différentes, et aucune œuvre de fiction (et aucun documentaire non plus) ne peut rendre compte de cette réalité, de cette diversité. La force du film, c'est de montrer une réalité parmi d'autres, une réalité fabriquée avec de petits bouts pris un peu partout, cela peut parfois sembler caricatural ou conceptuel, mais il résulte que depuis l'excellent "ça commence aujourd'hui" de Tavernier, je n'avais pas vu sur les écrans une école aussi crédible que celle de Florence Mautret.

 

Vos commentaires pour ce film

C'est posé et rythmé, on vit de l'intérieur cette comédie.
Les enfants sont pleins de vie et de réparties.
Sara Forestier, institutrice passionnée, portrait d’une femme généreuse.
Vincent Elbaz parfois drôle.
Un joli hommage au corps enseignant et un beau portrait de femme.
Un film qui donne de l'espoir.
Bonne note.


Dominique P, le 21 janvier 2017

 

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