Premier contact **

Denis Villeneuve

L'histoire

Lorsque de mystérieux vaisseaux venus du fond de l’espace surgissent un peu partout sur Terre, une équipe d’experts est rassemblée sous la direction de la linguiste Louise Banks afin de tenter de comprendre leurs intentions.

Avec

Amy Adams, Jeremy Renner, Forest Whitaker, Michael Stuhlbarg, Mark O’Brien

Sorti

le 7 décembre 2016


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

La forme ET le fond

 

Je l'avoue : il m'a fallu un deuxième contact pour saisir un point essentiel du scénario, qui m'a été signalé par des spectateurs plus attentifs (ou moins hypnotisés ? ou moins bas de plafond ?) que moi…

C'est d'abord un très bel objet esthétique, la lumière, la photo, le cadre, la musique, le travail sur le son, tout est soigné, léché, maîtrisé, et il faut bien dire qu'on peut tomber en extase face à cette beauté sobre, n'ayant pas le clinquant métallique de nombreuses productions de SF. L'entrée dans le vaisseau, par exemple, s'apparente à une immersion dans un temple égyptien qui aurait été débarrassé de toutes ses peintures. C'est minéral, étrange, planant, légèrement inquiétant. Côté humains, les écrans de contrôle ne volent pas la vedette aux personnages, pas encombrés par une technologie puissante, tout est fait avec les moyens du bord, quelques hélicos, des ordinateurs de bureau, des scaphandres plutôt légers : cette science-fiction-là est peut-être la plus crédible qu'on ait vue depuis longtemps.
La musique signée Johann Johannsson accompagne à merveille cet aspect visuel très puissant, on est bien loin des envolées lyriques et symphoniques de John Williams, Hans Zimmer ou James Horner, bien plus proche d'un Max Richter (une des compositions de ce dernier ouvre et ferme le film) : c'est mystérieux, fluide, semé de percussions sourdes, ça avance par vagues et reflux, cette musique-là participe au film pleinement, elle n'illustre pas, elle sert le récit magnifiquement.
Tout cet aspect formel plutôt exigeant et original pour une œuvre de ce calibre, destinée à un public large, ne serait rien, bien sûr, s'il n'y avait cette histoire qui fait plusieurs paris audacieux.

Attention pour ceux qui n'ont pas vu le film, et qui souhaiteraient n'en rien savoir, ne lisez pas la suite !

En premier lieu, le personnage principal est une linguiste. Les mots avant toute chose. Au début était le verbe… Aux militaires qui exigent de savoir ce que veulent les nouveaux arrivants, la linguiste leur dit qu'il faut d'abord se présenter, se mettre d'accord sur quelques notions élémentaires. Et ça ne se fait pas en deux heures…
Puis les extra-terrestres ne sont pas des monstres avides qui en voudraient aux richesses de la Terre, ou détruisant tout sur leur passage (rien, mais rien à voir avec Independence Day !); leur technologie, si technologie il y a, semble tellement éloignée de la nôtre qu'il est bien difficile de faire un parallèle avec des savoirs scientifiques terrestres.
L'approche du temps, de cette quatrième dimension essentielle pour la compréhension du monde, est un grand classique de la SF : voyages à travers les époques, compression ou extension, jeux sur la mémoire… ce Premier contact (Arrival, le titre original, semble plus approprié) parvient à l'aborder d'une façon inédite, et surtout le réalisateur maîtrise tellement bien son sujet qu'il nous perd, un temps, dans la chronologie, pour notre plaisir. Tant est si bien que la mélancolie fait partie de ce plaisir.
Enfin, au cœur du récit, il y a un choix. Une question s'est posée, une personne y a répondu, elle seule pouvait le faire. Bien sûr, ce choix n'arriverait pas ainsi dans une réalité telle que nous la connaissons. Mais il renvoie à d'autres choix, d'autres gouffres béants qui s'ouvrent dans l'existence de chacun et qui n'ont rien à voir avec un récit de SF. La direction prise dans le film prête à de multiples questionnements humains. Chapeau, monsieur Villeneuve.

 

Vos commentaires pour ce film

Déroutant au rythme lent, je suis resté à l’extérieur de ce film, l'invasion extraterrestre pacifique et la géopolitique n’en sont pas les points forts.
L’ambiance sonore est enivrante, parfois pesante ou inappropriée.
Amy Adams joue Louise Banks, experte en langage et communication, courageuse.
Jeremy Renner joue Ian Donnelly, expert en science, loyal, tout en sobriété.
C’est un peu compliqué, il faut être attentif et la guerre Est-Ouest se résout grâce à un coup de fil...

Dominique P, le 18 décembre 2016

 

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