Il est des familles plus apaisées
que celle qui est montrée dans le film, il en est aussi,
sans doute, des encore plus tordues. Quoique, cela semble un peu
compliqué. Le père et la mère ont tout du couple
mal assorti, ou bien les années qui ont passé les
ont éloigné. Elle (Nathalie Baye) fait très
propre sur elle, ce pourrait être une bourgeoise au vu de
la maison qu'elle occupe, mais une de celles qui sont remplies de
rancœurs, de déceptions; qui peut encore s'émouvoir,
par la nouvelle de la maternité prochaine de sa fille mais
qui a trop de lourdeurs en elle pour s'en réjouir sans arrières
pensées. Lui (Arno, le chanteur) n'a rien du bourgeois. Il
ressemble à une vieille bête blessée, emprisonnée
dans un mariage qui n'a pas tourné tout à fait comme
il l'aurait voulu. Les enfants déjà adultes dînent
chez leurs parents et l'on sent très vite qu'ils n'ont pas
l'habitude de ces retrouvailles. Bien sûr, l'un d'entre eux
(Thomas Blanchard), de par sa différence, une pathologie
qui n'est jamais nommée mais qui ressemble à une forme
d'autisme, est le révélateur de tout ce qui ne fonctionne
pas dans cette famille. Le fils aîné qui n'est pas
là a délégué sa femme et son fils et
ces deux-là se sentent comme des chiens dans un jeu de quilles.
La fille venant annoncer sa grossesse est complètement égocentrique,
assez insupportable, affublée d'un compagnon falot et très
mal à l'aise dans cette poudrière. Les scènes
se succèdent, tendues, dérangeantes, jouant sur les
relations pleines de non-dits. Les acteurs en font un tout petit
peu trop, comme s'ils étaient sur une scène de théâtre,
rendant l'ensemble parfois irréel. Cela pourrait tourner
au jeu de massacre, au règlement de comptes. Cela pourrait
s'envoler dans une débauche de mots terribles, de déclarations
aussitôt regrettées mais trop tard… Cela pourrait
n'en rester qu'aux intentions et tout serait au final enfoui sous
un camouflage, pour sauver les apparences. Cela pourrait partir
dans tous les sens ou demeurer entre les quatre murs d'une maison
qui ressemble à une prison. Cela pourrait emporter le spectateur
dans un tourbillon de mal-être, d'empathie malgré tout,
d'émotions… Ou pas. Quelque chose ne fonctionne pas
tout à fait, pour que le film soit autre chose qu'un étalage
de scènes de déchirures un peu vaines.