La Porte du paradis *

Michael Cimino

L'histoire

Deux anciens élèves de Harvard se retrouvent en 1890 dans le Wyoming. Averill est shérif fédéral tandis que Billy Irvine, rongé par l'alcool, est membre d'une association de gros éleveurs en lutte contre les petits immigrants venus pour la plupart d'Europe centrale. Averill s'oppose à l'intervention de l'association sur le district et tente de convaincre son amie Ella, une prostituée d'origine française, de quitter le pays.

Avec

Kris Kristofferson, Christopher Walken, John Hurt, Isabelle Huppert, Sam Waterson, Brad Dourif, Joseph Cotten, Jeff Bridges

Sorti

le 22 mai 1981
(reprise le 27 février 2013)


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Joies et fureurs

 

Grand film maudit, ayant précipité la chute des producteurs (United Artists), parce que très mal reçu par les critiques et par le public. Dépassement de budget record, et bide au box office. Et puis, par la suite, le (très) long métrage est devenu culte, considéré par certains comme une œuvre parmi les plus importantes du cinéma américain. Comme quoi, il ne faut jamais désespérer...
Le film a bientôt quarante ans, cela se sent si l’on s’arrête aux quelques effets spéciaux (oups, le bateau de la dernière séquence...), à quelques raccords hasardeux, au jeu un peu stéréotypé de l’acteur principal. Mais quel souffle ! quelle énergie dans les scènes de groupes, plus épiques que naturalistes, plus symboliques que réalistes... la première séquence, celle des étudiants fêtant leurs fins d’étude, est un chef d’œuvre à l’intérieur du film, kubrickienne, avec un rythme fou, des ruptures géniales, des mouvements de foules virtuoses. A voir et à revoir, pour s’en délecter.
La suite, qui dure près de trois heures, a ses hauts et ses bas, et parmi les scènes les plus enthousiasmantes, celles qui mettent en jeu les groupes, en mouvement, chorégraphiques, avec des flopées de figurants formidablement impliqués, comme toutes celles qui se passent dans la salle de bal et de réunion et qui porte le nom du film, la fête en patins à roulettes, hallucinante, la réunion des citoyens de la ville mettant face à face les riches et les pauvres, impressionnante... c’est la joie ou la fureur, Cimino orchestre un opéra tragique, et ses chœurs sont tout à fait dingues, étirés à l’extrême, grandiloquents, sublimes... le souci vient des solistes, ce qui se passe entre les personnages principaux a de quoi aussi passionner, mais le réalisateur ne trouve pas la même énergie que dans les scènes de groupes, l’intime a parfois un peu de mal à passer, Huppert toute jeune est à la fois drôle et touchante et Christopher Walken a de l’ambiguïté à revendre, beaucoup de nuances, mais Kris Kristofferson est monolithique, trop prévisible.
Il n’empêche, cette porte du paradis a quelque chose de très singulier, d’une grande créativité, et d’une actualité troublante. Ces pionniers venus de l’Europe de l’Est et très mal reçus par ceux qui sont là depuis un tout petit peu plus longtemps, ce sont les migrants, les mal-aimés, les indésirables, les sacrifiés sur l’autel de l’opulence. L’Histoire se répète avec ses guerres et ses massacres, tout va bien, les humains sont formidables...

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