Policier, adjectif

Corneliu Porumboiu

L'histoire

Cristi est un jeune policier. Lors d'une filature, il voit un garçon vendre du haschich à ses copains de lycée. Il refuse de l'arrêter alors que la loi l'y oblige. Il ne veut pas avoir la vie du jeune homme sur la conscience. Mais pour son supérieur, le mot conscience a un autre sens.

Avec

Dragos Bucur, Vlad Ivanov, Cosmin Selesi, Irina Saulescu, Adina Dulcu

Sorti

le 19 mai 2010

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Vide, nom commun





 

Le cinéma roumain n’en finit plus de livre un constat terriblement amer de l’évolution de la société occidentale. Pas celle des nantis, pas celle, illusoire et cache-misère, des stars de "Sex and the city" ou des comédies, si brillantes soient-elles, mettant en scène des jeunes et belles personnes marchant vers l’avenir le cœur léger…
Non, les cinéastes roumains s’intéressent aux "gens d’en bas". Pas forcément les miséreux, pas ceux qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, mais ceux qui vivent simplement, ceux qui pouvaient se considérer il y a encore une vingtaine d’années comme des personnes sans inquiétudes financières, et qui voient maintenant le train de l’aisance passer devant eux, glissant sur les rails des crises financières à répétition, le train du capitalisme triomphant –mais pas pour tout le monde, loin de là-.
Les films roumains se ressemblent, apportant un regard lucide, parfois drôle parce que sans concessions mais au fond, d’une rageuse tristesse. Bien sûr, ils parlent de la société roumaine, de son histoire, de sa rapide transformation, mais au delà, ce sont tous les pays dits développés qui en prennent pour leur grade.
Dans ce "Policier, adjectif", la description du quotidien d’un jeune policier pourrait concerner n’importe quel fonctionnaire chargé d’enquêtes de n’importe quel pays européen, mettant en lumière le manque de moyens, le poids de la hiérarchie, l’aberration des lois inadaptées… La conscience de chacun est ici mise à l’épreuve, et finalement réduite à néant face à la lourdeur administrative et au respect des statuts.
Porumboiu reprend à son compte ce qui caractérise ce cinéma roumain (qui commence à essaimer en Europe), des longs plans séquences rendant compte de l’ennui, une absence de pathos et un certain refus des scènes émouvantes, des dialogues sentant le quotidien mais en réalité très écrits et sublimant l’absurde des situations. Ici, ces partis pris ne fonctionnent pas toujours, l’ennui frôle le néant, et malgré certaines scènes formidables (l’emploi du dictionnaire par le chef de la police est un régal), beaucoup de séquences tournent à vide et n’apportent que peu de sens. Sans doute trop long, manquant finalement de pertinence, le film n’est pas aussi réussi que le précédent du même réalisateur, l’excellent "12 h 08 à l’est de Bucarest".

 

 

 

 

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