Un poison violent *

Katell Quillévéré

L'histoire

Cet été-là, tout change pour Anna. Elle prépare sa confirmation, dernière étape dans sa vie de croyante. Mais la naissance de son désir pour Pierre, un garçon de son âge, la fait vaciller. Une part secrète d’elle-même cherche à se donner corps et âme, à Dieu ou à quelque chose d’autre…

Avec

Clara Augarde, Lio, Michel Galabru, Stefano Cassetti, Youen Leboulanger Gourvil

Sorti

le 4 août 2010

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Une passion sereine

 

Sans doute est-il un peu prématuré de parler de la naissance d’une cinéaste, mais il y a là beaucoup de raisons de s’enthousiasmer…
Katell Quillévéré aborde sans détours un sujet rarement traité dans le cinéma français contemporain : l’opposition entre le corps et l’esprit, la naissance du désir venant bouleverser ce que l’on pensait inébranlable. Dans la façon de dérouler son récit, pas d’ostentation, pas de volonté non plus de brûler ce que l’on a probablement adoré : les différents évènements (factuels ou spirituels) sont décrits avec une grande finesse, sans éviter la violence possible sous-jacente. Le "poison" du titre peut être considéré de multiples façons, l’amour charnel dévastateur, la foi qui enferme, le doute qui s’instille partout… Tant d’intelligence et de réflexion dans un premier film peut surprendre, on est plus habitué à un étalage de style pour une première œuvre, pas vraiment à une richesse de sens.
Katell Quillévéré ne travaille pas pour autant sans recherche d’une certaine forme, mais celle-ci est au service du fond. La réalisatrice parvient avec peu d’effets à faire sentir la complexité des sentiments et des relations, et parfois aussi la sérénité, la simplicité, la clarté des sensations de la jeune fille.
Le choix des acteurs et la façon de les diriger sont également étonnants : Clara Augarde impose un personnage d’adolescente sans portable ni tics de langage propres à sa génération et pourtant tout à fait crédible. Lio est comme on ne l’a jamais vue, il fallait une belle audace pour l’imaginer en provinciale (très) croyante, sans fards et sans excentricités… Et Galabru est magnifique, complètement lui-même et renouvelé quand même, débarrassé de ses pitreries et pourtant drôle.
Le film se clôt sur la version de la chanson Creep par la chorale Scala : une vraie merveille, en parfaite adéquation avec ce que semble ressentir la jeune fille : un besoin d’emphase, de plénitude, de passion sereine. Longue vie à cette graine de chef d’œuvre, sortie en plein été, pas forcément le meilleur moment pour ce film fragile mais vibrant, dont on sort avec beaucoup de questions, et d’images qui restent imprimées fortement.

 

 

Découvrez la playlist Creep par Scala avec Scala

 

 

 

 

 

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