Un poète

Un sacré poète, un peu dérangé, un peu crade, un peu bizarre. Dans un premier temps, il en est même dérangeant, repoussant. On peut être amené à se dire que deux heures avec lui, ça risque d'être long. D'autant plus que le film est à son image, un peu mal foutu, avec une caméra tremblotante, un grain particulier, des (fausses) traces de poussière au bord du cadre, des raccords brutaux, une ambiance sonore parfois agressive… Et puis, on se laisse porter grâce aux autres personnages, aux regards que ceux-ci portent sur le poète, pas tendres, souvent dans le jugement, mais qui ont le mérite de prendre leur temps et se révèlent plutôt subtils. On s'habitue aux sautes d'humeur, aux bizarreries, au caractère et au physique peu communs de cet homme qui finit par être attachant, exactement comme le film qui peut rebuter au commencement et apporte peu à peu une certaine douceur, un décalage touchant.