Connaissez-vous Pellejero ? Un
dessinateur de bandes dessinées en général
plutôt sombres, aux gros traits noirs entourant les formes,
expressives, étonnamment dynamiques. Les dessins de ce film
d'animation ne sont pas de lui, mais ils y ressemblent fortement.
Les personnages ont du caractère, donné par le dessin,
d'abord, puis par l'histoire, douloureuse, effroyable et désespérante
car toute la monstrueuse énergie humaine à produire
du mal ne se tarit jamais. On pourrait se dire, à quoi bon
revenir sur ces années sombres, sur la Shoah maintes et maintes
fois montrée ou juste évoquée au cinéma,
et pourtant, toujours elle revient la vermine, sous d'autres formes,
dans d'autres lieux. Les peuples victimes des horreurs humaines
fournissent à leur tour, des années plus tard, les
bourreaux et les monstres.
Oui, il est essentiel de montrer et remontrer l'innommable, et même
si l'on peut sortir du cinéma avec un poids terrible, il
y a de la beauté au cœur de la noirceur. Le récit
ne tombe jamais dans le pathos, c'est digne, ça n'esquive
rien, ça cogne et on n'en sort pas indemne.