La mise en scène est terriblement
voyante, et repose sur un style très caractérisé,
fait de langueurs et de longueurs, de cadres déstructurés,
de regards et de gestes en guise de dialogues, le tout nimbé
d’une lumière blafarde, dans des décors et des
costumes pastels, à dominante de gris, pratiquement toujours
caressés par une bande son très étudiée,
délibérément zen . Le scénario n’a
que peu d’importance, il pourrait s’agir de toute autre
chose, le charme opérerait tout de même. Si l’on
se laisse emmener dans cette ambiance rêveuse, quand l’attente
et la fatigue permettent à l’esprit de vagabonder, on
peut se retrouver totalement hypnotisé, un peu parti, en apesanteur.
Mais il est possible aussi de sentir comme une impression d’étouffement,
et de refuser ce voyage immobile.
Les trois (ou cinq) personnages ont malgré tout une véritable
existence, et font vivre un semblant d’intrigue, malheureusement
un peu trop dilué dans le mélange de réalité
et de rêves. Au final, il y a trop de questions sans réponses
sur ce qui s’est passé, trop d’incertitudes sur
la matérialité des faits et de certains personnages,
et il ne reste que cette douce impression de songe éveillé.