Ah, on allait voir ce qu’on
allait voir, le frenchie Alexandre Aja découper allègrement
les chairs américaines, bronzées, jeunes et musclées…
On allait voir du bikini à foison et du sang rougir la mer,
on allait se délecter, avec un soupçon de cruauté,
de l’inventivité des faiseurs d’effets spéciaux
pour simuler les corps déchiquetés, on allait bien se
fendre la poire parce que dans ce type de film, il y a toujours des
gags désopilants sur les différentes façons de
mourir, sur la peur, l’absence de solidarité et la lâcheté
des humains… On allait aussi certainement ne pas s’attarder
sur le scénario, que tout le monde connaît, jusque presque
ses moindres détails, ses pseudo surprises, ses micro variantes
possibles.
Effectivement, il y a bien un peu de tout ça, une bombe (mais
tellement parfaite qu’on n’y croit pas vraiment) en maillot
rouge brillant ; un semblant de suspense autour d’enfants innocents
observés, frôlés par les méchants poissons
mais jamais attaqués, bien sûr ; une scène apocalyptique
de découpages de membres divers (et même… si, si,
il a osé), quelques éclats de rire dégoûtés
(oh, c’est immonde, mais c’est drôle… vous
voyez ?), des gentils héros qui s’en sortent et quelques
autres pas politiquement corrects qui sont bien évidemment
dévorés, entièrement ou partiellement ; une fin
en forme de clin d’œil (il faut toujours dans ce genre
de production, après le retour au calme, une entourloupe du
style "on pourrait continuer, et ça pourrait être
encore plus horrible, mais l’heure et demi standard est passée,
on vous laisse juste imaginer la suite…"). Bref, c’est
parfait.
Sauf que… Sauf qu’il y a cette mode débile, inutile
mais sans doute lucrative, la 3D. Impossible de trouver une salle
passant le film "à plat", on est donc condamné
aux lunettes, au mal de tête, aux images parfois floues, à
l’impression d’être chez l’ophtalmo qui teste
votre vision de près, de loin, sur les côtés,
et à la fin, vous dites pour que ça s’arrête,
oui, je vois tout bien, ou alors, non, vous quittez la salle, vous
jetez vos lunettes de rage et vous vous jurez que c’est bien
la dernière fois que vous allez voir un film en 3D…
C’EST NUL, LA 3D !!!