Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence

Roy Andersson

L'histoire

Deux marchands ambulants de farces et attrapes et d'autres joyeux drilles, dans une ville imaginaire...

Avec

Holger Andersson, Nils Westblom, Charlotta Larsson, Lotti Törnros, Jonas Gerholm

#CC6699

le 29 avril 2015


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

La déprime existentielle de quelques drôles d'oiseaux des villes

 

Le pigeon, il faut bien le dire, pourrait être le spectateur, attiré par une bande annonce accrocheuse et énigmatique. Mais il faut pouvoir juger par soi-même, visionner au moins une fois dans sa vie un film de Roy Andersson pour dire qu'on déteste, ou qu'on adore, ou qu'une fois tous les sept ou huit ans, ça peut suffire, qu'il y a là une sacrée dose de créativité mais aussi de quoi se pendre mille fois. L'œuvre précédente, " Nous les vivants", était sans doute plus universelle, plus cruelle et plus drôle, mais que vaut un souvenir de huit années ? Ici, aucune évolution dans la forme, on reconnaît le style dès la première image, le beige grisâtre, l'aspect à la fois cire et poussière, l'immuabilité du cadre, l'aspect figé des décors, la lenteur parfois insoutenable, les tronches hallucinantes des acteurs et parfois, de façon fugitive, une petite éclaircie. Pas de changement non plus dans le propos, la vie est monotone, absurde, dérisoire, et les seules surprises ne sont que des occasions de tomber encore plus bas. Cet amoncellement de tristesse peut créer chez le spectateur une fascination morbide, ou un éclat de rire permanent et très intérieur, ou bien un rejet radical, et parfois un peu de tout en même temps, une hilarité nerveuse qui tiendrait du dégoût et du sentiment que tant de talent dépensé pour montrer l'Humanité dans ce qu'elle a de plus ignoble, c'est du gâchis…
Dans cette philosophie existentielle de volatil perché, il y a deux personnages récurrents, qui pourraient presque faire croire qu'on tient une histoire, ou tout du moins un fil narratif conducteur entre les différents sketches. Mais ils semblent aussi masquer une petite perte d'imagination par rapport aux films antérieurs. Les deux représentants en farces et attrapes, tristes et sans avantages, n'évoluent guère, et lorsqu'on les a vus une fois, cela suffit, on voudrait passer à autre chose. Les deux meilleures séquences sont d'ailleurs parmi celles où ils n'y sont pas, et où la danse (un clin d'œil à Pina Bausch ?) et la musique ont leur importance.
Une phrase revient comme un leitmotiv, "je suis content de savoir que vous allez bien", et cela résonne étrangement, venant d'un cinéaste du nord de l'Europe, où la vie est, paraît-il, plus douce qu'ailleurs. On peut donc être suédois, ne mettre aucun meuble Ikéa dans ses films ou rien qui y ressemble, donner le blues aux spectateurs pendant une bonne paire d'heures (prévoir de quoi se remonter le moral en sortant, n'importe quoi, un verre de rouge, un pétard, une léchouille..) et manier l'ironie comme personne.

Vos commentaires pour ce film

Profiter des vacances pour faire connaissance avec Roy Andersson inconnu au bataillon de mon cinéma (pas compliqué). Certaines critiques élogieuses (première), une bande annonce intrigante (tiens ! quel est cet humour décalé ?) et un ami aidant (devinez qui !), ben j’y suis allée. Et ça ne l’a pas fait. « Pas grave ! » a dit l’ami « On peut être quelqu’un de bien et ne pas être touché par ce genre de films. » Sans blague !
Ni intello, ni cinéaste avertie, encore trop encombrée de mon histoire personnelle, je regrette cette impression d’être passée à côté de quelque chose, de ce cinéma-là. Mais je me demande pourquoi ça n’a pas pris et je crois que c’est parce que je m’attendais à quelque chose de vraiment drôle, d’irrésistible.
Raté ! À force de gris fadasse, de beige terne et triste à mourir et de personnages tous plus déprimés les uns que les autres, on en oublierait presque les quelques bulles de bonheur. L’absurde – long, trop long – de la vie est plus fort que les – courts, très courts – petits et grands moments de bonheurs. Se souvenir alors de la scène de la danse, de celle du chant et des 3 bulles d’amour. Mais tout ça pour quoi au fond ? Même s’il se passe quelque chose de fort, les personnages se débattent, luttent, souffrent. Un ennui presqu’indisposant et une lourdeur de plus en plus ankylosante se sont emparés de moi et je me suis fait violence pour ne pas sortir avant la fin… La scène qui fait référence à la traite des noirs est tout simplement insupportable et plus elle s’étire et plus je cherche une position confortable pour mes petites jambes qui prennent de plus en plus de place…
Dans « Les habitants » dont l’atmosphère m’est revenue il s’était pourtant passé quelque chose. Ici, l’absurde ne m’a apporté pendant la projection que malaise, incompréhension et énervement occultant « le reste ». Mais il faut laisser décanter un film, celui-là en particulier, et se souvenir des belles choses. Se rappeler d’une cigarette partagée après l’amour, d’une sieste sur une plage ou d’une envie de croquer dans un pied de nourrisson sous le soleil… Malgré tout et au-delà du reste. Le choix du bonheur. Parti pris.
Si les suédois sont heureux, le fils d’Anders l’est sûrement, comme tous, de temps en temps mais peut-être un peu moins que les autres… Quoique. Avoir raconté le malheur c’en est toujours ça d’extirpé de la réalité !

KDB, le 3 mai 2015

 


Jamais rien vu un film comme ça.
Oui vraiment, c'est la première fois que je vois un film découpé en quelques dizaines de plan-fixes, parlant de mort et de la condition humaine de cette manière.
Grotesque ? humour noir ? non, plutôt rire jaune : "je suis content de savoir que vous allez bien" mais sans regarder autour de soi.
Ne parlons même pas du singe de "l'homo sapiens", que faisons-nous ?
Les personnages sont attachants (j'aurais bien aimé en savoir plus sur le jeune danseur). La vision avec une profondeur de champ maximale ne nous laisse aucun détail.
On arrive même à l'horreur du beau chant de la mort, est-ce possible ?
Heureusement, rien n'est sérieux, ah les verres d'alcool contre un baiser !
Déroutant, anti-conformiste, j'ai bien aimé ce film mais je ne le conseillerai à personne si je tiens à le garder comme ami.


kosmo, le 17 mai 2015

 

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