Rien n'est simple et c'est tant
mieux. La mère pourrait n'être qu'irresponsable, impulsive
et maltraitante par manque d'éducation, elle est aussi aimante,
très aimante à sa façon, elle accorde beaucoup
de confiance à ses enfants et si elle n'est pas la mère
modèle bien dans sa peau et dans les clous de la bienséance,
elle est à l'écoute et au bout du compte elle impose
une certaine droiture dans les relations familiales, un code de
conduite implicite. Le maître d'école est crédible,
dans sa façon de parler aux élèves, dans la
tenue de sa classe, dans ce qu'il leur demande. C'est plutôt
rare au cinéma… Et bien sûr, c'est un maître
formidable mais il dit et il fait aussi des choses qui flirtent
avec l'interdit. L'enfant, enfin, a une belle singularité.
Rebelle sans violence, curieux, volontaire, obstiné et doux,
regardant le monde avec de l'étonnement et de la lassitude
mêlés. Le film montre comment ces trois personnages
se débattent avec eux-mêmes, entre eux… Il y
a de l'amour, des engueulades, des ruptures, de la tendresse…
de la vie, en somme. Tout fonctionne, même l'impensable. Ça
peut être perturbant, choquant pour certains, un peu dingue,
mais le regard que porte le réalisateur sur ses personnages
et les relations tissées entre eux est sans jugement moral.
C'est d'une grande dignité, pas attendu, filmé avec
grâce. Petite nature, grand film.