Anne Fontaine aime les histoires
ambiguës, les personnages qui transgressent les règles,
les situations équivoques… Dans "Nettoyage à
sec", ou "Comment j'ai tué mon père",
sa mise en scène faisait merveille, avec beaucoup de non-dits
et de trouble… On a l'impression que depuis une dizaine d'années,
elle est à la recherche de ce savoir-faire perdu. Dans ces
"mères parfaites" l'histoire est aussi parfaite,
avec un fort potentiel de liaisons cachées, d'ambivalence,
de tout ce qui attire la réalisatrice. Mais elle n'en fait
rien, ou pas grand-chose. Un joli catalogue d'images pour attirer
les touristes en Australie (Oh, les plages désertes !), deux
jolies femmes qui se promènent souvent en maillot de bain,
deux beaux gars qui font du surf, mangent ce que leurs mères
ont préparé, dorment, et retournent faire du surf…
Tout le monde est lisse, beau, bronzé, super cool, et quand
l'un des gars tombe amoureux d'une des femmes, quel est le problème
? Vingt ans d'écart ? C'est l'amie d'enfance de sa mère
? Et alors ? C'est loin d'être un scandale, non ? Ah tiens,
voilà l'autre gars qui fait pareil. Ça nous fait deux
bien jolis couples, qui n'ont pas grand-chose de choquant. La relation
entre les deux femmes se complique un tout petit peu mais pas profondément.
On aimerait que tout cela s'assombrisse, ou bien qu'il y ait un
jeu entre les quatre personnages, soit fielleux, soit pervers, soit
provocant, n'importe quoi mais autre chose que cette platitude.
Quelques scènes sont vaguement érotiques, mais il
n'y a aucune sensualité, aucune passion, aucune dévastation…
Quand l'un des deux fils entame une relation avec une fille de son
âge, on se dit que le film pourrait décoller, déboucher
sur un grand brassage de sentiments, mais à part une scène
"familiale" un peu plus amère que les autres, où
la vision du couple idéal est un peu écornée,
l'ensemble reste au ras des pâquerettes, pardon, au ras du
sable. Sous la plage, pas de pavés.