Perfect days **

Wim Wenders

L'histoire

Hirayama travaille à l’entretien des toilettes publiques de Tokyo. Il s’épanouit dans une vie simple, et un quotidien très structuré. Il entretient une passion pour la musique, les livres, et les arbres qu’il aime photographier. Son passé va ressurgir au gré de rencontres inattendues.


Avec

Koji Yakusho, Tokio Emoto, Arisa Nakano

Sorti

le 29 novembre 2023


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Un délice au bord du vide

 

Ces jours parfaits sont comme suspendus au bord du vide, du rien, du néant... mais c'est au bord, tout au bord de la ligne de chute et c'est là que réside toute la puissance de ce film étonnement dense, resserré sur une poignée de personnages, naviguant entre des lieux bien définis, très peu éloignés les uns des autres. Hommage à Ozu, certes, mais surtout un film du grand Wenders, celui de Alice dans les villes, des Ailes du désir ou de l'Ami américain. Un film urbain (mais qui sait aussi bien filmer les villes ?), où la douceur prend le pas sur toutes les tensions, qui va à l'encontre de l'air du temps en le prenant, justement (le temps). Et pourtant, ce n'est en aucun cas mièvre ou bêtement consensuel. C'est formidablement contemplatif, le personnage principal a l'œil vif, le verbe rare (très rare, qu'est-ce que ça fait du bien !), un sens aigu de l'observation des lieux qu'il connaît pourtant par cœur, le moindre changement, la plus petite vibration ou variation de couleur, rien ne lui échappe.
Il est aussi dans une logique de décroissance, n'achetant que des livres d'occasion, se contentant de très peu, pas de télé, pas de smartphone, n'utilisant sa petite camionnette que pour son travail et privilégiant son vélo pour le reste. Il y a une sorte de désocialisation, aussi, mais celle-ci est plus ambiguë : est-elle motivée par un réel besoin de solitude, par une volonté de rompre avec le genre humain (ou, au moins, de le maintenir à distance), ou par une façon de se prémunir de trop grandes émotions... ?
Sa vie peut sembler terriblement monotone, répétitive, sans surprises, et lorsque celles-ci arrivent (oh, pas des grands chamboulements, quoique, tout est relatif), chaque spectateur sera touché en fonction de sa propre sensibilité, probablement. L'un y verra une résurrection, une ouverture à la joie, une chaleur douce, quant un autre ressentira une fêlure, un tremblement dû à un trop-plein d'émotions, un écroulement possible. Quoiqu'il en soit, le film est un bijou de délicatesse.

 

Vos commentaires pour ce film

Il ne parle pas beaucoup Hirayama.
Il pleure parfois. Il sourit plus souvent. Il regarde les choses qui sont là : le ciel, les arbres, les gens, le vent…
Ce film est lent et magnétique. On s’y sent bien.
Les interactions entre humains sont rares et elliptiques mais elles sont délicates et profondes. Elles vont à l’essentiel.
Rire ou pleurer ? La dernière scène du film est bouleversante. Elle ne me quitte pas.


Thierry D. le 3 décembre 2023

 

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