Past Lives

C'est quoi, un couple ? Et les histoires d'amour, quand commencent-elles ? Peut-être lorsqu'elles s'éteignent, lorsque ne reste que le manque… Et les regrets, la jalousie, les souvenirs brouillés, comment jouer avec tout ça pour se construire, seul ou à deux ? Le film pose des dizaines de questions, sans y répondre et c'est tant mieux. Le film se concentre sur deux personnages, puis trois, et c'est pas si mal, on ne se perd pas dans un dédale de relations, les ellipses permettent d'aller à l'essentiel, une séparation, des retrouvailles, une nouvelle séparation, et ainsi de suite. Le film se tient à distance du pathos, les émotions sont subtiles, il faut attendre une heure trois quarts, soit sa durée totale, pour sentir un petit serrement de cœur. Et c'est peut-être un peu tard. Le film frôle parfois le discours théorique sur le "inyeon", notion coréenne qui mêle le destin, les relations entre deux personnes, les vies d'avant. Les personnages en parlent, sans laisser penser qu'ils y croient, comme si cela était une manière détournée d'évoquer l'amour. Tout est très élégant, délicat, rien n'est appuyé, l'image est soignée, la musique enrobe les échanges, leur donnant une portée à la fois profonde et poétique. Et pourtant, il manque quelque chose d'indéfinissable pour qu'on puisse vraiment y croire, pour qu'on se laisse emporter par les tourments des trois personnages.