C’est comme un tour de magie
qui ne tient pas ses promesses. Comme si on nous promettait de faire
sortir un éléphant rose d’un cendrier en or et
qu’au final on ne voyait qu’un malheureux lapin gris s’ennuyer
au fond d’un chapeau troué…
Les personnages ont en effet un fort potentiel, en particulier celui
joué par Edouard Baer, tout sauf schématique, doux rêveur
en rupture avec tout ce qui l’entoure, looser brisé mais
vivant, sans volonté apparente mais pas sans caractère.
Quelqu’un de crédible et pourtant un véritable
personnage de cinéma. Les autres ne sont pas en reste, du ministre
(Guy Marchand) un peu minable, au bout du rouleau, à la jeune
fille légèrement dérangée (très,
très charmante Mélanie Bernier), en passant par le couple
improbable mais drôle et désespérant en même
temps, formé par le toujours furieux Joey Starr et la passablement
déjantée Sandrine Le Berre. Quant à Nathalie
Baye, égale à elle-même, elle promène sa
classe et sa fausse légèreté avec aisance, incarnant
à la perfection son personnage calqué sur Christine
Deviers-Joncourt.
Les situations de départ sont elles aussi une source inépuisable
d’enchaînements inextricables, possiblement réjouissants,
avec ce couple mal assorti poursuivi pour de multiples raisons par
toute une panoplie de figures de comédie. Bref, un régal
en perspective.
Mais une fois les ingrédients étalés sur le plan
de travail, ils sont hachés menus, ou tout simplement oubliés,
le scénario n’exploite pas le dixième du potentiel,
les poursuites tournent court, le mécanisme de la comédie
ne prend pas, les contrastes entre les personnages sont dilués.
Et tout ça pour rien ou presque, aucune trace de petite folie,
une fin conventionnelle, un consensus mou.