Sorrentino, on aime, on va même
jusqu'à adorer ses films à la démesure baroque,
ou on déteste (c'est vain, c'est esthétique, ça
n'a aucun sens, c'est complaisant…)
En racontant l'histoire de la vie d'une femme de sa naissance jusqu'à
un âge avancé (75 ans) mais en se concentrant sur la
décennie qui suit ses vingt ans, le réalisateur ne
surprend pas, ni dans la forme, ni sur le fond. C'est parfois d'une
beauté plastique sidérante, parfois énorme,
monstrueux, mais aussi tape-à-l'œil, certains diront
vulgaire ou insistant de façon incorrecte sur la nudité
partielle de son héroïne. Le sacré côtoie
le trivial, il y a un certain humour un peu provocateur à
montrer une femme qui catalyse bon nombre de fantasmes masculins
aux prises avec des hommes de tous âges (pas mal de vieux
hommes, tout de même). Le propos n'est pas des plus clairs,
il serpente, se mord la queue, évoque le temps qui passe
et son emprise sur les corps, puis la beauté réelle
ou imaginaire, donne une image étonnamment lisse de Naples,
aligne de bien belles phrases que l'on peut trouver magnifiques
ou vides. Si on parvient à se laisser faire, c'est hypnotique
et cela peut confiner au sublime, mais on peut aussi à d'autres
moments rechigner et trouver tout cela pompeux et ennuyeux. Parthenope
elle-même attire le regard, elle est d'une beauté à
la fois simple et spectaculaire, mais ce n'est pas elle qui impressionne
le plus. Tous les personnages qu'elle rencontre ont un quelque chose
d'un peu dingue, irréel, conceptuel.
Tout cela n'a certes pas beaucoup de profondeur, on pourrait retourner
la question souvent posée à Partenope (à quoi
penses-tu ?) au réalisateur : à quoi pensait-il en
filmant ceci ou cela… A trop de choses à la fois, peut-être.
Qu'importe, le film donne du plaisir, avant tout visuel, et on pourrait
sans doute le visionner plusieurs fois sans jamais y voir les mêmes
choses.