La part des anges

Ken Loach, réalisateur et Paul Laverty, scénariste, maîtres de la "comédie sociale", ont fabriqué une histoire à double détente. Dans un premier temps, on assiste à la description du parcours quelque peu désespérant d'un jeune homme aux prises avec sa propre violence et ses conséquences, désirant changer de vie et se retrouvant acculé de toutes parts. Sa situation matérielle, familiale et morale frôle le drame et malgré les petits clins d'œil à l'humour grinçant, le film est loin de prendre un aspect de comédie... Puis, presque sans que l'on s'en rende compte, le récit prend une autre direction, plus légère (aussi légère que la volatile part des anges) et moins réaliste mais qui incontestablement fait du bien au moral. On en ressort avec le sourire aux lèvres, celui d'un Robin des bois moderne qui vole aux riches pour faire plus belle la vie des pauvres, celui de David terrassant Goliath. Il y a quelque chose du conte ou de la fable, mais pas tout à fait, les retours à la réalité sociale inscrivent le film dans un entre-deux, entre le drame et la comédie, entre l'illusion du rêve et la pesanteur du réel.