Dès le générique,
la perfection est là. Les gestes, la précision, la
concentration. Le titre est bien choisi. Sauf que le R de Parfaites
est à l'envers. Et cela change beaucoup de choses…
Le documentaire, plutôt classique, s'attache pendant un an
à suivre l'évolution, les exploits et les échecs
d'une équipe nationale de natation synchronisée dans
le but, d'une part, de démontrer qu'il s'agit d'une discipline
sportive à part entière : ce pari-là est complètement
réussi, on en sort avec l'assurance que la natation synchronisée
réclame une énorme condition physique, des qualités
techniques d'une exigence hallucinante et surtout une abnégation
titanesque, un abandon de toute ambition personnelle, pour se mettre
au service d'une réussite collective. Les séances
d'entrainement sont âpres, épuisantes, elles sont la
plupart du temps montrées sans musique, et le bruit de l'eau
prend une dimension particulière, comme des claquements sur
la peau… Pas très étonnant que la discipline
ne soit que féminine : beaucoup trop exigeante pour les hommes.
Mais le réalisateur ne s'arrête pas là, il tente
de montrer comment cette équipe-là (le Canada) a la
volonté, dans un sport où tout semble très
codifié et uniformisé, d'inclure des nageuses différentes
les unes des autres, elles n'ont pas toutes le même corps,
la même couleur de peau, ni le même âge ou la
même sensibilité. C'est cela, cette acceptation des
dissemblances, qui fait leur force et leur caractère, et
aussi leur faiblesse. De ce point de vue-là, le film ne convainc
pas tout fait, il montre la solidarité, de l'émotion
à travers les relations entre les nageuses et le staff autour
d'elles mais le métissage reste un sujet théorique
du récit, peu ressenti.
Il reste que les documentaires sportifs ne sont pas légion
au cinéma, que celui-ci propose de s'intéresser à
une discipline méconnue et que les images sont parfois d'une
beauté envoûtante.