Oui est un grand film
brillant de mille feux, brutal, parfois éblouissant dans
sa forme, effarant sur la société israélienne,
radical, commençant comme une œuvre de Sorrentino, avec
la même virtuosité et la même manière
de nous surprendre à chaque plan, continuant avec une vision
politique burlesque et ambiguë, qui n'est pas sans rappeler
les films de Kusturica, et s'achevant presque de façon austère,
comme si la couleur s'en échappait, comme si la gravité
du sujet venait tout ternir.
Nadav Lapid, cinéaste israélien farouche opposant
de la politique actuelle de son pays, dresse un tableau à
la fois terrifiant et ludique des manières de penser et d'agir
de ses compatriotes. C'est drôle et terrible, sexy et aride,
d'une folle élégance et foutrement vulgaire. Ariel
Bronz, l'acteur principal, en fait des tonnes et des tonnes et plus
encore, il en éclipse parfois sa partenaire Efrat Dor, les
deux ensemble font parfois penser à Nicolas Cage et Laura
Dern, les interprètes de Sailor et Lula, s'inscrivant dans
la série des couples furieusement amoureux, poursuivis par
un destin absurde.
