Peut-être y a-t-il trop
d'idées ? trop de talents ? Comme s'il pouvait y en avoir
trop… Non, c'est juste que cette abondance de qualités
se voit trop, et que le sujet même du film disparaît
parfois sous la forme, très recherchée. L'aspect formel
le plus voyant, mais pas forcément le plus original, c'est
l'organisation du récit, quatre périodes différentes
de la vie d'une seule femme, racontées à rebours,
pour tenter d'éclairer d'abord pourquoi une directrice d'école
qui, certes, se pose sans doute plus de questions que la grande
majorité de ses congénères mais semble tout
de même au delà de tous soupçons, se retrouve
accusée de quelque chose de grave, et qu'ignore même
son compagnon… Les éclairages suivants permettent peu
à peu d'établir un portrait contrasté, bien
différencié, d'un personnage complexe, globalement
pas très gâté par la vie. Le deuxième
parti-pris très fort de mise en scène concerne l'interprétation
de ce personnage, joué par quatre actrices différentes.
Si le choix d'Adèle Haenel et de la petite fille paraît
plutôt judicieux, Solène Rigot en toute jeune adolescente
de treize ans n'est pas tout à fait crédible, l'actrice
ayant largement dépassé la vingtaine d'années…
Son jeu est intéressant, elle a un visage très juvénile,
mais l'écart d'âge est visible, carrément gênant
parfois. Adèle Exarchopoulos joue la suivante, et elle est
elle-même plus jeune que Solène Rigot… De plus,
la différence physique avec Adèle Haenel est trop
importante, et les époques trop rapprochées, pourquoi
n'avoir pas donné à cette dernière les deux
périodes ? Sans doute pour respecter la volonté formelle,
quatre temps différents, quatre actrices différentes…
Intéressant, mais finalement pas toujours efficace.
L'ensemble est prenant, l'histoire dans son déroulement pose
beaucoup de questions sur le poids de l'enfance et de ses évènements
marquants, en laissant des zones d'ombre, des ellipses que le spectateur
aura le loisir de combler, en inventant selon sa propre perception
du personnage, tout ce qui n'est pas explicite.