Le sujet est lourd, le traitement
est d'une rigueur radicale, le résultat est bluffant. Comme
quoi, avec une poignée de comédiens géniaux,
une caméra scrutant les visages et une bande son minimaliste,
on peut fabriquer un film qui ne vous lâche pas d'un poil
de sourcil. La forme est surprenante, sans concessions, hypnotique,
terriblement efficace, mise au service d'un récit qui met
aux prises quelques personnages dans le bureau d'un juge aux affaires
familiales, pour une affaire bien banale hélas. La femme
qui cherche juste à protéger ses enfants est crédible
jusqu'au bout de chacun de ses regards. Car il est énormément
question de regards. Il y a sans doute presque autant de plans montrant
des personnages qui écoutent que ceux qui les présentent
en train de parler. On voit les interrogations sur les visages,
les craintes, les effarements, la sidération. Et la dernière
prise de parole de la femme, venant de loin, venant des tripes,
cette parole est chaotique, puis de plus en plus structurée
mais toujours semblant d'une sincérité absolue. C'est
formidable, au sens hugolien du terme.